Homélies de la semaine du 19 avril

2e semaine du temps pascal

Allez proclamez l’Évangile !

Lundi 20 avril 2020

Homélie

Nicodème est un pharisien. C’est donc un homme profondément religieux, attaché au Dieu d’Israël et à la loi de Moïse. Et c’est vraisemblablement un disciple de Jésus qui interviendra encore à deux reprises dans l’évangile de Jean, pour prendre la défense de Jésus et pour l’ensevelir. Cela peut nous étonner car on nous a souvent présenté les pharisiens comme les ennemis de Jésus. Et il est vrai que dans les différents évangiles, nous les voyons comploter contre lui, et même participer à son arrestation et son jugement. Mais nous lisons aussi à plusieurs reprises des échanges, ou des dialogues entre eux et Jésus. Comme Jean-Baptiste, Jésus est lui aussi un homme profondément religieux, attaché à la loi de Moïse. Jésus et les pharisiens se connaissent donc bien. Et la confrontation entre eux n’interviendra qu’au fil du temps, quand se révèlera la vraie nature de Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Jésus et Nicodème

Mais Nicodème, au début de l’évangile de Jean, témoigne d’emblée qu’il a perçu chez Jésus autre chose qu’un simple homme religieux : « … nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu … ». Il confesse un lien particulier entre cet homme Jésus et le Dieu des Juifs. Et il vient pour comprendre ce lien.

Nicodème s’en réfère aux signes accomplis par Jésus. Il a vu des choses, il les a jugées authentiques et il agit en fonction : il va à la rencontre du Christ. Voir, juger, agir : Nicodème est un homme raisonnable. Et Jésus, pour entamer cette rencontre, va provoquer un quiproquo. Il utilise un verbe qui a deux sens : anôthen, qui peut signifier « naître d’en haut » ou « naître une seconde fois ». Est-ce intentionnel ? Sans doute, car les pharisiens sont des théologiens pointus, armés de leurs connaissances de la Bible et assis sur leurs convictions. L’évangéliste nous montre alors Jésus cherchant à déstabiliser son interlocuteur. Il l’invite à quitter le concret, ce qui est établi. Il cherche à le faire quitter une vision matérielle limitée par le réel. Il l’emmène vers une autre dimension, plus spirituelle, celle de Dieu qui donne la vie.

Car naître, c’est venir à une vie qui ne peut que nous être totalement donnée. Nous ne sommes pas nés sur terre par nous-même. Nous ne pourrons pas naître à la Vie en Christ par nous-même non plus. C’est le don de l’Esprit qui nous fait renaître dans la liberté d’enfant de Dieu. Cette liberté, c’est la délivrance de la peur.

Quand nous vivons une grande inquiétude, nous sommes comme enfermés dans l’évènement qui les provoque. L’attente des résultats d’examens scolaires ou médicaux, un gros problème financier insoluble, la réaction d’un supérieur face à une faute. Et puis, les résultats, la solution ou la compréhension arrivent, et c’est le soulagement ; l’avenir semble de nouveau possible. « Ah ! Je revis ! » est une expression que nous avons pu entendre dans ce genre d’occasion. La peur nous enferme. Quand elle nous quitte, nous sommes libérés.

Quitter l’image d’un Dieu juge et sanctionnateur pour entrer en relation avec un Dieu d’amour. Quitter la peur instinctive des autres, de les croire ennemis a priori, pour entrer dans la confiance des enfants de Dieu. C’est cela l’Évangile. Et cela nous rend libres ! Libres de nos choix, libres de nos actes d’amour. Nous quittons le raisonnable, le calcul, pour entrer dans le spontané, la Foi. Et la Paix. « La paix soit avec vous » nous a dit le Christ dans l’évangile de ce dimanche. La paix du Christ soit avec nous qui pouvons nous libérer de la peur et renaître dans l’Esprit.

André Vanderstraeten, diacre

Mercredi 22 avril 2020

Homélie

Nous connaissons tous l’importance et la valeur de la transparence tant dans la vie publique que dans nos relations interpersonnelles. Un manque de transparence dans la gestion des biens ou des ressources humaines crée la méfiance à l’égard de l’autorité et nuit à l’unité. Il en va de même en ce qui concerne des familles, des couples, des amitiés. Si nous manquons de clarté dans nos gestes ou dans nos paroles nous risquons de nuire à notre crédibilité et par conséquent de faire vaciller nos liens avec les autres. La transparence dans le cas de l’optique, par exemple, signifie un matériau qui a pour priorité de laisser passer le flux lumineux qu’il reçoit.

L’évangile d’aujourd’hui, qui fait partie du dialogue de Jésus avec Nicodème, nous invite à méditer sur l’œuvre de salut à la lumière de la résurrection du Christ. Le Christ pour nous révéler la plus profonde raison d’agir de Dieu, de son être et enfin son dessein sur l’homme utilise trois mots : aimer, vérité et lumière. L’homme renaît à une vie nouvelle, il devient l’enfant de Dieu dans les eaux du baptême, grâce à la résurrection du Christ. Christ ressuscité, nous fait déceler cette vérité inouïe : Dieu aime ce monde qu’il a créé. L’homme est un être aimé. Elle est comme la lumière qui éclaire nos pas mais qu’on peut rejeter, nier, mais toutefois jamais faire disparaître.

Chaque parole de Jésus et chaque geste sont une révélation de son Père aux hommes. C’est très fort ce que Jésus dit à Nicodème : Dieu a tellement aimé le monde. Notre Dieu est un Dieu qui « aime » ! C’est un Dieu Père. Dieu est amour. Dieu a tant aimé, si fort aimé. On devine qu’il va faire des folies, que cet amour-là va le pousser à faire des choses étonnantes. Il donne son Fils unique, cela veut dire qu’il fait un don total de son être. Ainsi, il aime sans mesure et il se donne pleinement à l’homme. Cet amour-là, fait que Dieu est la lumière, la vérité pure.  Celui qui aime fait la vérité. Selon Saint Jean, croire en Jésus c’est faire la vérité et celui qui fait la vérité échappe au Jugement.

Le projet de Dieu de toute éternité, nous dit Jésus, est de partager sa vie en son Fils unique avec les hommes. Il est l’image (sa splendeur, son reflet) du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. (…), tout est créé par lui et pour lui. (Col 1,15). La plénitude de vie est en lui. La vie éternelle dont Jésus nous parle et qui débute par l’accueil de foi en Lui, « afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle », n’est autre chose que la vie en Dieu, dans la plénitude de son amour.

Dans le cas de la foi, un chrétien a pour priorité de ne pas obscurcir la vérité mais de la transparaître comme la lumière. Il existe une seule chose qui peut l’obscurcir, c’est le manque d’amour, notre égoïsme.  (…) Et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

Dieu a tellement aimé le monde, nous dit Jésus. C’est là que se trouve notre point d’intérêt. Aimer comme Dieu, aimer comme Jésus ne serait-ce pas faire la vérité et rendre notre vie transparente, pleine de lumière ?

La lecture des Actes des Apôtres, nous amène sur les chemins de la première annonce de la Bonne Nouvelle. Dès le début de la mission, les Apôtres rencontrent l’hostilité et la persécution. Ils sont jugés, condamnés, emprisonnés et livrés à la mort. Ils ont reçu la même mission que Jésus et ils ont partagé le même sort que Lui. Mais, nulle prison, nul enchaînement, même la mort ne sont en mesure de faire taire cet incroyable et joyeuse nouvelle : que Dieu a si fort aimé le monde, qu’il a envoyé son Fils unique. Celui qui fait la vérité vient à la lumière.

Pawel Slowik, scj

Jeudi 23 avril 2020

Homélie

Quelle belle qualité que l’humilité !  Et si cette période pascale était aussi là pour nous apprendre à rester humbles ?  En tant qu’être humain, on ne peut que rester humble face au comportement loin d’être toujours exemplaire de beaucoup de nos semblables, face au bilan pas toujours très glorieux de notre humanité, face aux sentiments de haine, d’égoïsme ou de jalousie qui nous habitent trop souvent et bien sûr aussi face à la mort ignoble et injuste infligée à Jésus et à beaucoup trop d’autres hommes et femmes à travers les siècles. 

Les lectures de ce jour nous donnent un bon moyen pour pouvoir résister au mal qui a tendance à beaucoup habiter notre humanité et nos cœurs respectifs : obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, en étant à l’écoute de sa Parole et de son Esprit Saint.  Dieu est bien au-dessus de nos défauts humains, Il l’a prouvé par excellence à Pâques car, comme Pierre et les apôtres le rappellent au Grand Prêtre et au Sanhédrin dans la première lecture, « le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous aviez exécuté en le pendant au bois.  C’est lui que Dieu a exalté par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la conversion et le pardon des péchés. »  Le Sanhédrin et le Grand Prêtre restent dans l’orgueil et dans le sentiment du statut de toute puissance à conférer à Israël, ils n’acceptent pas de « faire retomber sur eux le sang de cet homme », c’est-à-dire qu’ils n’acceptent pas d’être rendus responsables de la mort de Jésus en ne croyant pas en sa divinité et à ses enseignements.  Jésus n’est pour eux qu’un simple homme blasphémateur, il n’est pas un Prince ni un Sauveur.

L’évangile nous invite également à l’humilité et à l’obéissance à Dieu.  Jean le Baptiste qui s’exprime ici a annoncé dans les versets précédents : « Un homme ne peut rien s’attribuer au-delà de ce qui lui est donné du ciel.  […]  Moi, je ne suis pas le Messie mais je suis celui qui est envoyé devant lui.  […]  Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue. »  Son discours ici est une sorte de conclusion à tout le chapitre 3 de saint Jean l’évangéliste et met en opposition d’une part le ciel, l’au-dessus, et d’autre part la terre, le terrestre ; autrement dit Dieu et les hommes.  Les hommes paraissent au départ bien limités face au Fils de Dieu car « personne ne reçoit son témoignage ».  Or, Jésus vient du ciel et nous avons donc à recevoir son témoignage pour ne pas risquer la colère, le jugement de Dieu à la fin de notre vie terrestre.

Si nous recevons le témoignage de Jésus ressuscité et si nous obéissons et croyons en Dieu, nous allons alors avoir un fameux allié à nos côtés pour nous permettre de mieux résister au mal qui ronge notre condition humaine.  Jean le Baptiste dit que cet allié a été donné « sans mesure » à Jésus, et Pierre et les apôtres le promettent à la fin de leur discours face au Sanhédrin et au Grand Prêtre.  Il s’agit bien sûr de l’Esprit Saint que nous pouvons toujours invoquer et qui nous sera particulièrement adressé lors de la Pentecôte, à la fin de ce temps pascal, 50 jours après Pâques.

Ayons donc à cœur durant ce temps pascal de nous laisser toucher par Jésus ressuscité, d’être à l’écoute de l’Esprit Saint, d’obéir à Dieu pour nous rendre compte que tout n’est donné que par la Sainte Trinité et que nous ne sommes que si peu de chose face à l’Amour de Dieu qui nous est donné.  Voilà qui aura l’avantage de nous faire sans cesse cultiver notre humilité…

Olivier Dekoster

Vendredi 24 avril 2020

Homélie

Le passage de l’évangile de Jean que nous lisons aujourd’hui se situe, avec la marche sur l’eau, entre deux grands enseignements de Jésus. Le premier porte sur les relations entre le Père, lui-même et les hommes de son temps, où la question d’accueillir celui qui vient du Père est centrale : « Le Père qui m’a envoyé a lui-même porté témoignage à mon sujet. Mais jamais vous n’avez écouté sa voix (…) » (Jean 5, 37). Le second aborde le thème de la vraie nourriture : « je suis le pain vivant qui descend du ciel » (Jean 6, 51).

Au centre de cet enseignement, Jésus nourrit une grande foule qui va alors le reconnaître comme « celui qui doit venir dans le monde ». Il faut considérer que la foule se conforme à sa foi. Moïse a lui-même annoncé ce prophète. Et ce prophète se reconnaitra à sa parole qui se réalisera (Dt 18, 22). Jésus rend grâce et distribue le pain et le poisson. Jésus parle et agit. La foule voit dans ce geste la réalisation de ses attentes. Elle voit l’homme qui va lui assurer la protection et l’abondance, l’ordre et la justice, la victoire et la gloire d’Israël. Elle voit un roi. Enfin ! Mais ses attentes ne sont pas le projet de Dieu.

Et moi, est-ce que je ne confonds pas parfois mes attentes et celles de Dieu. Mes désirs de justice et d’équité devant une situation qui me révolte. Dieu veut la justice et l’équité. Et moi, je sais ce qu’est la justice et l’équité ! Et je suis prêt à m’engager pour ça. Je suis prêt à me battre pour ça. Et Dieu sera à mes côtés … Vraiment ? Poussé à l’extrême, nous voyons bien à quoi peut mener ce genre de pensées. Got mit Uns ! pouvait-on lire sur la boucle de ceinture de militaires. Le projet de Dieu n’est pas le nôtre.

Le projet de Dieu, c’est un Dieu qui se donne à l’humanité. Et quand Dieu se donne, nous sommes rassasiés de son pain vivant. Un Dieu qui se donne, c’est un Dieu qui écoute, qui guérit, qui rassemble, qui accompagne, qui refuse la gloire et qui se retire quand ça ne va pas dans le sens de son projet pour nous.

Saint Hilaire voyait dans cette foule rassemblée pour ce pain partagé une préfiguration de l’Église. Une Église qui est Corps du Christ. Une Église qui se donne, qui écoute, qui guérit, qui rassemble, qui accompagne, qui refuse la gloire et qui se retire si elle n’est pas comprise. Nous sommes cette Église. C’est ce que nous manifestons lors de l’Eucharistie. Nous recevons le Corps du Christ et nous sommes le Corps du Christ. L’Eucharistie n’est pas un moment pour nous. C’est le socle sur lequel nous nous appuyons pour être cette Église dans notre quotidien. Aujourd’hui, nous pouvons vivre un manque de ce socle. C’est un temps de retrait, parfois de solitude. Comme le Christ sur la montagne. Mais nous en sortirons et retrouverons le Christ, pour faire Corps.

André Vanderstraeten, diacre

Samedi 25 avril 2020 - Saint Marc - Allez !

Homélie

Aujourd’hui l’Église célèbre la fête de Saint Marc évangéliste. Marc est d’origine juive et son nom apparaît dans les Actes des Apôtres et dans les différentes épîtres du Nouveau Testament. Il est présenté comme celui qui accompagne Pierre et Paul dans leur mission d’évangélisation sous le nom « Jean surnommé Marc ou Jean-Marc ».   Mais avant tout, selon la tradition chrétienne, on lui attribue la rédaction de l’évangile synoptique portant son nom. Il aurait fondé l’Église d’Alexandrie où il serait mort martyr.

Dans l’évangile que nous lisons aujourd’hui, Marc nous parle de la dernière manifestation de Jésus à ses Apôtres après sa résurrection, avant de passer à son Père dans sa gloire. Bien qu’il fût enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu, il ne s’agit pas d’une séparation, l’absence de l’autre, mais d’un passage à une nouvelle présence dans le monde et dans la création : « Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. »  C’est une présence active et effective en tout lieu et en tout temps.

Dans cette dernière rencontre, Jésus leur donne une importante mission : « Allez dans le monde entier proclamer l’Évangile à toute la création. »  Saint Marc a accompli cet ordre de Jésus d’une façon admirable. Il compose, accompagné par le Seigneur comme il l’a promis, un texte qui donnera corps à la Bonne Nouvelle. Cette mission que Jésus confie à Marc et à ses disciples, se résume en trois verbes : aller, proclamer, baptiser, au terme desquels est la foi en le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Jésus annonce aux disciples et à nous-mêmes, que cet effort missionnaire et sa crédibilité seront attestés par des signes prodigieux. En général les signes dans le Nouveau Testament ce sont les œuvres de Dieu qui invitent à croire en Jésus et à voir sa gloire. 

Dans le passage que nous lisons, Jésus cite plusieurs signes qui accompagneront la proclamation des Douze et de tous ceux qui croiront en lui. Il y a là l’expulsion des démons, la proclamation en langue nouvelle, la protection contre le mal venant de la nature ou de l’homme et l’imposition des mains pour la guérison.

 Si nous les regardons de près nous pouvons constater que ces signes continuent à accompagner jusqu’à aujourd’hui, la proclamation de l’Église. Nous voyons tant de Saints qui ont vaincu le mal en eux et autour d’eux. Nous y voyons également tant de chrétiens ordinaires qui s’engagent pour faire expulser ou reculer le mal dans le monde : la misère, l’injustice et la violence. Un autre signe incontestable qui accompagne l’Église tout au long de son histoire, est sa capacité d’ouverture à toutes les nations et à toutes les cultures. Et cela bien que l’Église, étant dans le monde, soit parfois atteinte par le mal : égoïsme, repli sur soi, mais c’est toujours le bien qui l’emporte. C’est pourquoi, le signe le plus éclatant qui accompagne la proclamation de l’Église malgré ses péchés reste toujours la charité. L’amour fraternel, la sollicitude pour les malades et les plus pauvres étaient et restent des signes par excellence qui font progresser la Bonne Nouvelle dans le monde.  

Les signes peuvent varier selon les circonstances mais la Bonne Nouvelle reste la même : le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Nous l’avons vu, nous l’avons rencontré et il a bouleversé notre vie.

En cette fête de Saint Marc il est impératif de me poser la question suivante :  suis-je conscient de la confiance que le Seigneur m’a manifestée en m’appelant à sa mission ? De quelle manière puis-je l’accomplir ? Quant à moi, quels signes puis-je discerner dans ma vie qui témoignent de ma foi et la rendent crédible ? De toute façon, la mission qui nous confie n’est pas difficile, il suffit de dire, par nos actes et nos paroles que la vie est plus forte que la mort. 

Pawel Slowik, scj

2e Dimanche de Pâques 19 avril 2020

Homélie en texte (Jérôme Walewski)

Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous sommes conviés à la résurrection de notre Seigneur.

Cette résurrection est l’évènement central de toute l’histoire des hommes, Christ est vivant pour que nous ayons la vie en plénitude.

Néanmoins croire en la résurrection du Christ, du temps des premiers apôtres, comme de celui de tous ceux qui leur ont succédé, ne semble pas aussi évident que cela pour tout le monde.

Thomas personnifie l’homme de bonne volonté des générations ultérieures, de ceux qui n’ont pas bénéficié des apparitions du Christ. Pour admettre cette résurrection il demande une preuve irréfutable. Quelle présomption, vouloir enfermer Dieu dans notre expérience du sensible, du toucher, du voir, du démontrable empiriquement. Thomas est incrédule, il refuse de croire en des réalités non vérifiables expérimentalement.

Si la preuve de l’existence du Christ reposait sur une expérience expérimentable, alors le Christ ne serait pas Dieu, il ne serait que le produit de nos hypothèses, de notre ressenti. En rentrant dans nos schémas infiniment petits, Il cesserait d’être l’Au-delà de tout.

« Cesse d’être incrédule soit croyant » dit Jésus à Thomas, comme à chacun d’entre nous. C’est-à-dire, ouvre ton cœur, ton intelligence, ta volonté, à l’accueil de plus grand que toi. Ouvre- toi à la foi.

La foi en la résurrection se fonde sur l’irruption dans nos vies de quelqu’un qui vient à nous et que nous ne pourrions atteindre par nous-même. Cet Autre, c’est le Dieu tout puissant qui s’approche de nous et élève notre âme aux désirs de l’éternité bienheureuse.

Le don de la foi ne nécessite pas d’avoir vu le Christ comme les apôtres, ni non plus, de courir après le surnaturel pour essayer de lui mettre la main dessus. Il s’accomplit et s’épanouit dans la dernière béatitude du Christ : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Du milieu de nos peurs, Jésus vient au-devant de nous. Les apôtres avaient tout verrouillé et pourtant Jésus vient au milieu d’eux.

Jésus apporte la paix et nous communique l’Esprit Saint. Ce même Esprit Saint, ouvre continuellement notre cœur à l’accueil du don de Dieu, auquel nous donnons notre assentiment.

La foi est dialogue amoureux entre le Christ vivant, ressuscité, et l’homme. Et le Christ ressuscité est la vérité et la beauté même. Il se donne à aimer, à connaitre. La connaissance nous assure un bonheur éternel, le salut de notre être tout entier corps et âme.

Ainsi par la foi nous accédons déjà aux réalités invisibles. De cela nous pouvons exulter de joie.

Alors la foi s’épanouit en profession, c‘est à dire en témoignage public. Notre témoignage porte précisément sur cette rencontre. Notre croyance ne reste pas purement privée.

Dans la lecture des « actes des apôtres », nous avons l’exemple parfait de ce témoignage public. De ceux qui croient sans avoir vu. Les premiers chrétiens étaient assidus à l’enseignement des apôtres, à la pratique de la vie sacramentelle, à la prière de louange, et au partage. Cette vie était une source de grande joie, et les conversions étaient nombreuses.

Aux disciples d’aujourd’hui, ceux qui croient sans avoir vu, manifester au monde la résurrection du Christ, consiste à vivre de l’enseignement de Jésus, et à rester attaché à Lui, dans la joie comme les premiers disciples. 

Jérôme Walewski, diacre

Homélie en vidéo (Luc Terlinden)

Abbé Luc Terlinden

Célébration de ce dimanche

Dernière mise à jour : 28/4/2020