Homélies de la semaine du 3 mai

du 3 au 9 mai

4e semaine du temps pascal

Dimanche 3 mai : Lectures

Homélie en texte (Jérôme Walewski)

Chers frères et sœurs, en ce quatrième dimanche de Pâques, Jésus se présente à nous sous la figure rassurante du Bon Pasteur. 

Le psaume de ce jour exprime cette sereine certitude d’être mis à l’abri, guidé et protégé de tout danger par le Bon Pasteur.

« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. » Quelle belle image pleine de tendresse, de confiance réciproque. Le berger prend soin de ses brebis. 

« Sur des prés d’herbes fraîches Il me fait reposer. » Cela représente tous les lieux de vie que le berger connaît, et où nous sommes conduits. Le Seigneur s’adapte à notre rythme, il nous mène par des sentiers justes, c’est-à-dire des chemins que nous sommes capables de suivre. Il ne choisit pas des routes inadaptées ou nous risquerions de tomber. 

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal. » La vie nous mène souvent par des moments de souffrance physique ou spirituelle, avec de nombreuses incertitudes. Avec le Seigneur, nous avons néanmoins une certitude, celle d’être en sécurité. Ces moments de nuit consolident notre foi.

« Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis. » Le Seigneur nous fait entrer dans son intimité, réservée aux brebis de son troupeau, ses élus. Ils sont protégés de l’emprise du démon, qui ne peut rien contre les baptisés.

« Tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. » Le Seigneur nous donne bien au-delà du strict nécessaire, il nous comble d’un amour qui n’a pas de limite. Nous sommes traités comme des visiteurs de marque. 

« Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de la vie, J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. » Chaque matin la bonté et la fidélité du Seigneur sont avec nous pour la journée. Mais celles-ci ont désormais un sens, nous avons un but une destination finale. Demeurer avec le Christ dans son temple pour la vie éternelle. Tel est le lieu où nous mène le bon pasteur.

Néanmoins comment discerner le Bon Pasteur des bandits ?

L’évangile nous indique le signe de reconnaissance du Bon Pasteur, c’est sa voix. Les brebis reconnaissent sa voix, et elles l’écoutent. Car malheureusement, elles sont nombreuses les voix qui nous entrainent dans des impasses. Donnons la priorité absolue à celle de notre Seigneur.

La voix du Bon Pasteur, elle résonne dans l’évangile.

Quand nous étions jeunes, nos parents nous écrivaient et leurs lettres commençaient par

« Mon cher Pierre » « Ma chère Madeleine ». L’Évangile est comme une lettre personnelle que Jésus nous adresse. Intuitivement les enfants savent que leurs parents sont prêts à tous les sacrifices pour eux. Et sur cette intuition ils fondent leur confiance en leurs parents. Jésus est allé jusqu’à donner sa propre vie pour nous, nous sommes donc certains de sa bienveillance. En toute sérénité nous pouvons nous reposer sur Lui.

Le Bon Pasteur nous appelle par notre nom, car même si chacun de nous est appelé à la sainteté, notre voie, notre chemin, est unique. Il constitue notre vocation qui est la réponse à cet appel, à cette lettre pleine d’affection de notre Bon Berger.

Alors « Frères, que devons-nous faire ? » L’Esprit de Dieu nous a choisi, mettons nos pas dans ceux du Christ tous les jours de notre vie. 

En cette journée mondiale des vocations, demandons-Lui la grâce, que de nombreux hommes et femmes soient « touchés au cœur » par sa parole, et répondent « Me voici ». 

Remercions de tout notre cœur notre Bon Pasteur au regard si bon, si protecteur, de nous avoir sauvé et comblé de ses bienfaits.

Jérôme Walewski, diacre

Homélie en vidéo

Alexandre Wallemacq, diacre et futur prêtre

Lundi 4 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Être pur ou être saint ?

La question de la pureté et de l’impureté est centrale dans la vie quotidienne des juifs. Des chapitres entiers du Lévitique et du Deutéronome sont consacrés à cette question et aux rites qui l’accompagnent. Si cela nous paraît un débat un peu désuet, il ne faut pas en négliger le sens. On peut y voir seulement une pratique alimentaire basée sur des questions d’hygiène de vie interprétée avec les connaissances de l’époque. Mais au-delà de cela, il y a dans la tradition biblique le souci d’ordonner le monde en vue de l’orienter vers Dieu.

Le récit de la création du monde dans la Genèse montre déjà la volonté divine d’ordonner les choses. Par sa Parole, le monde sort du chaos, les éléments sont séparés, les êtres vivants sont créés et classifiés, l’humain est façonné et singularisé en homme et femme. La Parole nous sort de la confusion pour entrer dans la distinction : il y a toi et il y a moi.

Le souci juif de pureté s’inscrit aussi dans cette distinction : il y a nous et il y a eux. Et on ne se mélange pas : « Tu es entré chez des hommes qui ne sont pas circoncis, et tu as mangé avec eux ! » reprochent les juifs de Jérusalem à Pierre revenant de Césarée. Pourquoi les juifs sont-ils attachés à cette séparation entre eux et les autres ? Simplement parce qu’ils sont le peuple qui adore le Dieu unique et qu’ils sont entourés d’idolâtres. Et l’idolâtrie est le péché le plus grand qui puisse être commis au regard de la Bible, comme en témoigne l’épisode du veau d’or.

Beaucoup de prescrits alimentaires viennent de cette inquiétude de perdre son identité, d’être assimilé. Comme par exemple le fait pour les juifs de ne pas manger du laitage avec de la viande. Cette pratique vient de la phrase transcrite dans plusieurs livres du Pentateuque : « Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère » (Dt 14, 21c). Cette méthode culinaire était vraisemblablement courante chez les Cananéens, peuples qui occupaient les territoires conquis par le peuple juif guidé par Josué. Et il fallait absolument se distinguer de ce peuple polythéiste et idolâtre.

Mais Jésus vient abolir l’ensemble de ces préceptes alimentaires, en affirmant que la pureté se trouve dans ce qui vient de notre cœur et non pas dans ce qui rentre dans notre estomac (Marc 7, 1-23). Du coup, la pureté n’est plus une pratique communautaire mais bien une attitude personnelle accessible à l’humanité entière. L’extériorité est délaissée au profit de l’intériorité. Mais alors, en quoi, moi, suis-je pur ? Et en amont de cette question, pourquoi être pur et qu’est-ce que la pureté ?

Le piège, dans lequel étaient peut-être tombés les pharisiens, serait de confondre pureté et sainteté. Pour les anciens, la pureté était une condition de sainteté, mais pas la sainteté elle-même. La sainteté renvoie à notre relation à Dieu, à la justesse de notre comportement dans la vie, et donc à nos relations aux autres. En effet, le Christ nous l’a affirmé, « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40b). Nous ne pouvons plus séparer notre manière d’être avec Dieu et notre manière d’être avec les autres. Être pur, c’est éloigner de notre cœur et de nos pensées nos réflexions égoïstes, nos ressentiments de jalousie, nos jugements sur l’autre… La sainteté, c’est agir en conséquence : ce sont nos actions quotidiennes et notre manière de vivre avec Dieu et avec les autres qui témoigneront de notre sainteté.

Mais si c’est mon intériorité qui est en jeu, cela veut aussi dire que mon chemin de pureté ne sera pas le même que celui de mon prochain. Mes combats intérieurs me sont propres. Mes luttes avec mon histoire, mes traumatismes, mes frustrations, mes blessures construisent ma personnalité. Mes choix profonds, l’orientation de mon existence sont fondés sur des raisons qui m’échappent parfois. Je peux y voir l’action de mon inconscient ou le travail de l’Esprit. Ou les deux. « Tout cela se tisse à notre liberté »¹.

Et l’enjeu de notre Église, c’est d’intégrer toute ces singularités, toutes ces manières d’être individuelles motivées par des choix personnels dans une seule catholicité. « Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » nous dit Jésus (Jn 10, 16c). Le troupeau, un lieu de sécurité, de paix, de fraternité. L’Église doit devenir ce lieu d’amitié où il est possible d’être simplement soi avec sa fatigue, ses questions, ses difficultés. Un lieu d’amitié où chacun peut parler librement, sans crainte d’être jugé, catalogué, mais aussi en étant tout aussi librement interrogé avec bienveillance et lucidité sur ses comportements, ses choix ordinaires, etc. Un lieu où l’autre différent est accueilli avec ses coutumes, son histoire, ses traditions… N’est-ce pas un véritable enjeu pour notre unité pastorale où se rencontrent tellement de femmes et d’hommes issus de tant de groupes sociaux, de nationalités et de cultures différentes ?

Car il y a quelque chose qui nous est commun, qui nous rassemble tous, c’est le cri du psalmiste : « Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant » (Ps 41, 3). Nous cherchons tous à donner à notre vie un sens. Nous croyons tous que ce sens, c’est le Christ qui nous le donne. Et qu’il veut nous rassembler pour cheminer ensemble.

¹Ce texte est largement inspiré du livre de Véronique Margron, Un moment de vérité, et plus particulièrement du début de la seconde partie, Vers un renouveau spirituel, pp. 87-108 ; et également d’un fructueux échange avec mon épouse Sandra, lors de notre petit déjeuner dominical.

André Vanderstraeten, diacre

Mardi 5 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Depuis dimanche, nous sommes accompagnés par Jésus, le bon pasteur. Toutefois, Jésus n’est pas simplement le bon berger au sens un peu romantique ou sentimental que l’on pourrait donner à l’image du berger. Il n’est pas bon non plus comme nous disons d’un moelleux au chocolat qu’il est bon… Il est bon dans le sens on l’on dit : « c’est le bon ! », « c’est le vrai ! » Il est le bon berger parce qu’il est le vrai berger. 

Il est le vrai berger et deux éléments vont le manifester. D’abord, Jésus donne sa vie pour ses brebis. Il n’aime pas seulement par quelques bons sentiments ou belles paroles, il donne sa vie très concrètement. Cela ira jusqu’à aimer et donner sa vie sur la croix, parce qu’il n’abandonne pas ses brebis mais il les aime. 

Ensuite, Jésus est le vrai berger parce qu’il connaît ses brebis et que ses brebis le connaissent. La connaissance dont il s’agit ici n’est pas simplement intellectuelle. Cette connaissance est relationnelle, personnelle. Ainsi, je peux dire que je connais la reine d’Angleterre parce que je sais qu’elle s’appelle Elisabeth, qu’elle a 94 ans etc. mais cela ne veut pas encore dire que je la connais personnellement.

Jésus, lui, connaît ses brebis personnellement, par la relation qu’il tisse avec chacune d’elles. Cette relation, cette connaissance est elle-même unique car elle a sa source en la connaissance réciproque du Père et du Fils, de l’amour qui unit Jésus à son Père : « Le Père et moi, nous sommes un » dit Jésus.

C’est le deuxième trait du vrai berger : il donne sa vie pour ses brebis et il connaît ses brebis comme ses brebis le connaissent. Il ne s’agit donc pas d’une connaissance que l’on acquiert dans les livres d’histoire mais bien de celle d’une relation personnelle, d’un amour qui se donne.

L’Eglise est appelée à être signe de la présence du Bon Pasteur, du vrai berger. C’est sa vocation, sa mission. Cela veut dire qu’elle ne peut pas le faire seulement par de belles paroles ou de manière très sentimentale, en cherchant surtout à émouvoir. Ce serait une forme de populisme ou de sentimentalisme. Bien sûr, les sentiments et les émotions font partie de la vie humaine et l’Eglise ne peut pas prendre pleinement le chemin de l’homme, pour annoncer le Christ Bon Pasteur, si elle reste froide, distante, sans compassion et sans tendresse. Mais elle est appelée aussi à joindre les actes aux paroles, à exprimer le don de la vie du Vrai Berger par son propre engagement, dans un amour concret, une charité vécue. Pas seulement pour les brebis qui sont de son enclos mais aussi pour les autres, que Jésus, le vrai berger, doit conduire également. C’est dire que notre amour concret, notre charité active ne s’arrête pas aux frontières de la communauté ecclésiale. L’Eglise a pour vocation d’aimer sans regarder à la langue, la nationalité, la religion, le permis de séjour…

Cette annonce du Christ Bon Pasteur passera aussi par des relations personnelles vraies. C’est de personne à personne que l’Évangile est annoncé.  Dans une vraie connaissance, celle du berger et de ses brebis. Nous percevons peut-être mieux encore cette dimension de relation personnelle en ce temps de confinement. Car s’il vient, pour une part, renforcer la relation personnelle avec certains de nos proches, en même temps, nous souffrons de ne pas pouvoir nous réunir, partager une même table, célébrer ensemble… Puisse ce manque nous faire grandir dans les relations vraies et personnelles à l’avenir, pas seulement faites de bons sentiments mais de l’amour du Bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis.

Dans cette Eglise, prions pour ceux qui ont spécialement pour mission de signifier la présence du Bon Berger, à commencer par les évêques et les prêtres. Qu’ils soient de vrais bergers. Par le don de leur vie pour les petits et dans les plus petites choses du quotidien (et cela commence tout simplement par répondre au téléphone avec écoute et attention…). En nouant aussi de vraies relations, personnelles et non pas comme des douaniers  à leur guichet ou des charmeurs qui ramènent tout à eux ; mais comme de vrais bergers !

 Luc Terlinden

Mercredi 6 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

En lisant tel ou tel passage de l’évangile du jour nous sommes habitués à des formules telles que : « en ce temps-là Jésus a dit », « en ce jour-là Jésus a déclaré », mais cette fois-ci : en ce temps-là, Jésus s’écria. Il est rare de voir Jésus s’écrier. Nous connaissons par notre propre expérience les cris de joie, les cris d’annonce de la bonne nouvelle, les cris de détresse, les cris de révolte, les cris d’indignation. Quelle que soit la nature de ces cris, ils expriment toujours une forte émotion et souvent ils ont pour but d’attirer l’attention. Quel est-il ce cri de Jésus, ce cri de Dieu ? Par habitude nous pensons que dans la Bible ce n’est que l’homme qui crie vers un Dieu silencieux : « Dans mon angoisse j’ai crié vers le Seigneur, et lui m’a exaucé, mis au large » et pourtant Dieu crie vers l’homme aussi.

Dans l’évangile de Saint Jean, Jésus crie à trois reprises de la même manière : la première fois en Jean 7,28-29, pour la deuxième fois en Jean 7,37-39 et en fin en Jean 12,44-46. Chaque fois il s’agit d’une révélation que Christ prophétise par ses « cris » : la révélation de Jésus comme l’Envoyé du Père, la révélation de l’Esprit Saint qui coule du Temple de son Cœur et la révélation du Père manifestée par Jésus, Visage resplendissant de la gloire du Père. Voilà le contenu de ces cris de Dieu, de cris de la révélation adressés à l’homme.

Nous sommes à la fin du douzième chapitre de l’évangile de Saint Jean où Jésus est à six jours de sa passion et de sa mort. Ce passage suit, dans l’évangile de Saint Jean, la résurrection de Lazare, et l’onction à Béthanie, avant d’aborder la deuxième partie, qui est la Passion et la Résurrection.  Jésus entre donc, dans le moment crucial de sa vie et de sa mission où tout sera accompli. Pour Saint Jean, plus Jésus monte sur le chemin du Calvaire, plus il descend dans la profondeur de la révélation de Dieu, dans la révélation du vrai visage de Dieu : « Celui qui me voit, voit Celui qui m’a envoyé ». La mission du Christ c’est de révéler son Père aux hommes et de le faire connaître. Toute sa personne luit de la lumière de son Père où la transfiguration au mont Tabor en est la figure. Mais, le point culminant de sa mission comme envoyé du Père, sera sa mort sur la croix et son Cœur transpercé d’où coulera la plénitude de l’amour. C’est en contemplant le Cœur du Christ que nous découvrirons le vrai visage de Dieu. Les paroles de Jésus : « celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé », atteignent leur profondeur dans la contemplation du Cœur ouvert. Jésus n’a pas inventé ce qu’il nous a révélé.

Ces cris de Jésus qui accompagnent ses paroles et qui les dominent même, réveillent notre esprit de la léthargie, du sommeil, afin de nous ouvrir à l’accueil de son Esprit. Certainement ce n’est pas un cri de condamnation ni de jugement. Jésus envoyé du Père n’est pas venu pour juger le monde mais le sauver. Seulement ce sont les hommes qui se condamnent, quand ils refusent d’écouter. La condamnation n’est pas le fait de Dieu. Le salut offert se transforme en jugement non pas par la volonté de Dieu, mais par les options négatives des hommes. Son dernier cri était celui depuis le sommet de la croix : « Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. » (Mt 27,50). Le verbe « crier » en hébreux signifie les bruits qu’émet le corbeau. Dans l’histoire de Noé deux oiseaux jouent un rôle essentiel pour annoncer la fin du déluge : corbeau et colombe. Le corbeau apparaît comme un indicateur de la fin du déluge, de la purification accomplie, mais c’est le départ définitif de la colombe qui est le signe que le salut est réalisé. Dans un sens symbolique on y voit Jésus qui par son premier cri au Temple annonçait le don de l’Esprit et par le dernier sur la croix réalise la venue de l’Esprit Saint.

En Christ, le cri de Dieu et le cri de l’hommes se rejoignent, ils trouvent leur accomplissement dans la venue  de l’Esprit Saint.

Pawel Slowik, scj

Jeudi 7 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

« Seigneur, Tu me scrutes et Tu me connais, Tu sais tout de moi, que je sois assis ou debout.  Tu pénètres de loin mes pensées ».  Tels sont les premiers mots du très beau psaume 138 (139) et nous en trouvons notamment la preuve dans l’évangile de ce jour qui nous ramène avant la mort de Jésus, plus précisément entre le lavement des pieds des apôtres par Jésus et le départ de Judas pour aller trahir Jésus et faciliter ainsi sa condamnation à mort.  Jésus affirme qu’il connaît ceux qu’Il a choisis qu’Il sait que tous ne mettront pas en pratique son enseignement, qu’il y en a un qui « mangeait le pain » avec Lui mais qui contre lui « a levé le talon ».  Pour le dire autrement, un des apôtres que Jésus a accueillis et qui est en train de vivre de Lui, Judas, va prendre une attitude hostile et chercher à Le détruire.  Jésus le sait et cela a été en plus annoncé dans les Écritures puisque cette affirmation se retrouve mot pour mot au verset 10 du psaume 40 (41).

Jésus connaît donc les intentions de Judas mais Il va le laisser faire.  Il aurait pu l’empêcher mais Il ne le fait pas car Il s’abandonne avec confiance dans la volonté de son Père comme Il voudrait tant que nous le fassions nous-mêmes.  Il connaît les êtres humains, Il sait qu’en chacun de nous il y a des qualités et des défauts, des aspects brillants et des aspects obscurs mais Il nous aime comme un vrai père qui aime éperdument tous ses enfants, avec leurs bons et leurs mauvais côtés.  Il nous aime comme un serviteur aimant, en ne souhaitant pas être plus grand que nous et en allant jusqu’à vouloir nous laver les pieds.  Il veut nous laisser libres de nos choix, qu’ils soient bons ou mauvais.  Rien ne sert donc de nous cacher de Dieu, Il connaît à l’avance nos points forts et nos points faibles, il nous faut être honnêtes avec lui.

La fin de l’évangile nous invite à recevoir l’envoyé de Jésus comme Jésus lui-même et donc comme Dieu son Père.  Oui, mais comment reconnaître un envoyé de Jésus ?  Je crois qu’une des réponses à cette question est précisément que cet envoyé n’aurait de cesse à nous renvoyer vers Dieu, ne voudrait pas se mettre en avant lui-même mais serait le reflet de Dieu par ses actes et ses paroles.  Cet envoyé nous aimerait tel que nous sommes et ne chercherait pas à vouloir nous rallier à sa cause personnelle ou à son bon plaisir mais n’aurait de cesse de nous tourner vers Dieu et les Saintes Écritures.  Il ne serait qu’un intermédiaire, à la manière de Jésus.

Les Actes des Apôtres nous montrent justement des envoyés de Jésus à l’œuvre et tous n’ont malheureusement pas été bien reçus, certains ont même été tués tout comme Jésus.  Ils ont été envoyés par Jésus avec leurs immenses qualités et aussi malgré leurs gros défauts.  Paul, qui est à la manœuvre dans la première lecture de ce jour, ne fait pas exception : combien de sang a-t-il eu sur les mains avant sa conversion ?  Mais que de brillants actes et écrits par la suite !  Jamais il ne se met en avant, toujours il renvoie vers Jésus.  Il a bien conscience de ses crimes antérieurs et va même jusqu’à se nommer « avorton » (1 Cor 15, 8).  Il refuse que les premiers chrétiens se réclament de lui ou de Pierre ou d’Apollos mais il les invite à rester unis au Christ (1 Cor 1, 12).  La lecture de ce jour est la première partie de son seul exemple de prédication à des Juifs et cette prédication ressemble fortement à celles d’Etienne et de Pierre qui se trouvent aussi dans les Actes.  Les envoyés de Jésus veulent à tout prix révéler la divinité de Jésus, ici à travers son ascendance, ailleurs à travers sa résurrection et la Foi à avoir en Lui. 

Efforçons-nous donc d’agir sans cesse comme des envoyés de Dieu, en reconnaissant nos maladresses connues à l’avance par Dieu mais en nous appuyant aussi sur nos forces et son immense Amour inconditionnel.  Ne bloquons pas ceux que nous rencontrons face à notre petite personne bien imparfaite mais laissons la lumière de Dieu transparaître à travers nous pour les laisser ainsi s’illuminer par Lui.

Olivier Dekoster

Vendredi 8 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Et maintenant, on va où ?

C’est le titre d’un film, l’histoire d’un village où vivent chrétiens et musulmans. C’est un village qui fait face à ses tensions, ses difficultés, qui arrivent à les surmonter avec courage (surtout celui des femmes). Et puis quand ils sont tous en chemin dans le cimetière pour enterrer l’un des leurs, ils hésitent entre la partie chrétienne et la partie musulmane. Et maintenant qu’on a trouvé un chemin commun, maintenant qu’on est ensemble, on va où ? C’est la fin du film.

Le passage de Jean que nous lisons aujourd’hui, c’est un peu aussi la fin de l’histoire. C’est le début du dernier enseignement de Jésus après la Cène et avant sa passion. Les apôtres ont suivi Jésus pendant deux ou trois ans. Il y a eu les signes, le lavement des pieds, le commandement nouveau « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Ces années n’ont pas toujours été faciles : la fatigue du chemin, les doutes, les incompréhensions. Mais il y a aussi les joies du succès, l’émerveillement, … Et puis Jésus annonce qu’il part. Et Pierre lui demande où va-t-il. « (…) Où je vais, vous en savez le chemin. »

Il y a des choses que l’on sait mais qu’on ne perçoit pas. Il y a des vérités floues, des intuitions diffuses, des impressions fugaces qui sont au fond de notre cœur. Mais qui sont parfois plus une interrogation sur nous-même ? « Et maintenant, je fais quoi ? » Heureusement pour nous, il y a Thomas. Thomas, c’est l’apôtre qu’on ne voudrait pas être, et qui est tellement nous. Il ne comprend pas, il doute, il veut des explications, des preuves. Il a tout sous les yeux et pourtant, il ne percute pas, comme on dit. « Comment saurions-nous ? »

Comment saurais-je le chemin que tu veux que je prenne, Jésus ? C’est une question qui se pose à tout âge. Quelles études entamer ? Quelle carrière professionnelle embrasser ? Me marier ? Devenir prêtre ? Des enfants ? Encore un enfant ? Changer de travail ? Partir à l’étranger ? Partager mon argent ? M’engager ? Comment vivre ma pension ? Entrer en maison de repos ?

« Je suis le chemin » nous dit Jésus. Les spécialistes disent que la version française ne rend pas trop la subtilité de cette phrase. On pourrait peut-être plutôt lire : « je suis le chemin parce que je suis la vérité et parce que je suis la vie ». Il y a une vérité, une évidence, qui est là, devant nous et qui nous montre le chemin. C’est notre boussole : nous aimer les uns les autres, la charité, la miséricorde. Il y a un indicateur de résultat, comme on dit dans mon métier : la vie. Ce qui donne vie, à nous-même et aux autres : la joie, le bien-être, la paix.

La charité, la miséricorde, la joie, la paix, c’est le chemin vers Dieu. C’est le chemin de Dieu. C’est le chemin avec Dieu. Dieu nous échappe. Dieu est inimaginable. Dieu est tout autre. Même Moïse n’a pu le voir ; il n’a vu que sa trace. Même Elie se cache le visage quand il perçoit l’arrivée de Dieu dans un léger souffle. Dieu est hors de notre portée. Mais Jésus nous indique le chemin. C’est le chemin d’une vie. C’est un chemin de vérité avec nous-même à laquelle notre baptême nous appelle tous.

André Vanderstraeten, diacre

Samedi 9 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Tout au long de cette semaine nous avons suivi des passages de l’évangile de Saint Jean où Jésus reprochait aux pharisiens leur manque de foi en lui. Plus précisément qu’ils ne croyaient pas qu’il soit envoyé du Père, et que lui et son Père ne fassent qu’un. Et cela malgré les œuvres qu’il accomplit. On peut encore comprendre cette attitude chez les pharisiens mais cela nous étonne quand il s’agit des propres disciples de Jésus. D’où viennent ces difficultés ?  Il est possible que les disciples s’arrêtent à un simple aspect extérieur des œuvres sans comprendre leur signification.

Et pourtant à plusieurs reprises Jésus a dit à ses disciples qu’il est venu pour donner la vie et la vie en abondance ; et même plus, il affirmait qu’il est la Vie. Toutes les œuvres de Jésus, les miracles, les guérisons, les conversions portent un inlassable message de vie et d’espérance qui naît d’un amour infini du Père pour l’humanité. Elles manifestent que Dieu le Père est le Donneur de la vie en Jésus Christ. C’est parce que le Père demeure en lui qu’il a pu les réaliser. S’il n’avait fait qu’affirmer ces choses-là, on pourrait douter et cela resterait « incroyable ». Mais il a fait des actes qui font penser que c’était vrai. La réaction pleine d’étonnement de Jésus face à la lenteur de la foi des Apôtres ne nous surprend donc pas : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe. Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! » Je suis donc si longtemps avec toi et tu ne crois pas ?

C’est une étrange demande de Philippe adressée à Jésus, pour qu’il leur montre le Père. En effet, elle traduit un regard encore trop humain que les disciples portent sur Jésus. Probablement se sont-ils trop habitués à un homme, Jésus de Nazareth, un homme en chair et en os, bien réel, un homme qui se tenait debout avec ses deux pieds posés sur la terre, un homme qui avait des amis, des relations humaines, un homme qui mangeait et buvait avec ses amis. C’est ainsi que Jésus les invite à faire par eux-mêmes l’expérience de la présence et de l’action du Père dans leur propre vie. Jésus les assure que la foi en lui va les ouvrir à la bonté et la bienveillance de son Père. Grâce à son intervention auprès de son Père, ils pourront continuer son œuvre et en faire même de plus grandes que lui ; la première lecture en est l’exemple.

Les Apôtres se tournent vers d’autres nations et trouvent de nombreux peuples attentifs à leur proclamation. Cette œuvre commencée par le Christ, comme la graine de moutarde, la plus petite des graines, grandit dans le monde : « ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région » et la communauté de Douze augmente en nombre de fidèles.  Malgré les difficultés rencontrées, les disciples sont remplis de joie, d’action de grâce et de présence de l’Esprit Saint. Ce sont des signes tangibles qui prouvent que le Père de Jésus Christ est à l’œuvre.

Peut-être est-ce le cas de certains parmi nous qui sont déjà longtemps avec Jésus sans pour autant le connaître et sans faire l’expérience de sa présence agissante en leur vie. Il est possible qu’ils puissent s’habituer trop à lui, à tel point qu’ils ne ressentent plus le besoin de le connaître davantage. Dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus nous invite très concrètement à demander à son Père quelque chose en son nom. Il est évident que pour nous, comme c’était le cas pour Jésus, la première chose à laquelle on devrait s’intéresser, c’est le souci de son règne. Jésus nous le rappelle : « Car je vais au Père, et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, pour que le Père soit glorifié dans le Fils. »    « Pour que le Père soit glorifié… » Quelle demande puis-je adresser aujourd’hui à Jésus pour que son Père soit glorifié ?

En ce mois de mai consacré à Marie, essayons avec elle de dire notre action de grâce au Père pour les merveilles qu’il accomplit en nous.

Pawel Slowik, scj

Célébration de ce dimanche

Dernière mise à jour : 10/5/2020