Homélies de la semaine du 17 mai

du 17 au 23 mai

6e semaine du temps pascal

Dimanche 17 mai : Lectures

Homélie en texte

Jérôme Walewski, diacre

« Je ne vous laisserai pas orphelins ».

Le terme orphelin n’a pas été choisi au hasard par le Christ. Il désigne une relation Père – fils, élevée à un niveau divin, ou Dieu s’engage personnellement. L’intensité de cet amour divin est complètement hors de notre capacité humaine.

Notre propre expérience de l’amour humain peut néanmoins nous aider à apprécier le don divin. Un petit garçon qui donne la main à son papa se sent en totale sécurité, mais il y a plus. Pour lui son papa est tout-puissant, il peut tout, il est une sorte de dieu. Avec le temps, cette conviction s’estompera, et l’enfant se rendra compte de son incomplétude et de sa finitude. L’angoisse de l’homme devant un avenir incertain, marqué par une fin qui semble s’ouvrir sur le néant, provient de ce sentiment d’abandon filial, de cette rupture d’avec notre créateur.

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous », c’est la grande promesse du Seigneur. Le Christ revient en nous donnant le Père comme notre Père. La main de Jésus est toujours là, elle nous tient fermement. Sa présence au plus intime de nous-même est bien plus réelle et agissante que ne l’était la présence du Jésus terrestre du temps des apôtres. Notre vie est sous son regard, elle n’est plus sans but, mais ordonnée à une fin, voir Dieu et ainsi vivre pour l’éternité. « Vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi ».

Néanmoins cette proposition de paternité divine appelle une réponse de notre part. Elle s’articule de deux manières. La première, comme le dit Saint Pierre, avoir une conscience droite. Avoir une conscience droite consiste à fuir le mal avec horreur, s’attacher au bien et le rechercher. Le bien est à rechercher pour lui-même et non en vue d’une utilité quelconque.

Saint Pierre nous avertit, se conduire en enfant de lumière nous vaudra parfois des louanges mais aussi des souffrances. Le résultat de nos actions n’est donc pas ce qui compte pour notre Père, notre vie de baptisé reste cachée en Dieu.

La deuxième, épouser le souhait de Dieu d’avoir une multitude de fils. Dans ce monde, tant d’hommes ne connaissent pas leur Père céleste, néanmoins beaucoup seraient prêts à lui donner la main si seulement ils rencontraient quelqu’un qui leur présente ce Père si aimant. C’est la mission des fils du Père, et dont la communion forme l’Église.

Le livre des actes des apôtres nous décrit précisément les débuts de l’Église en Palestine. Philippe et les apôtres annoncent l’évangile aux samaritains au grand jour, publiquement et sans crainte. Les cœurs des samaritains étaient prêts à accueillir la bonne nouvelle. Aux cœurs en recherche de vérité, le Père se révèle toujours. Les samaritains sont émerveillés par la découverte de cet amour de Dieu pour eux, et le fruit de leur conversion est la joie. La joie de celui qui annonce l’évangile, et la joie de celui qui le reçoit. La communion entre les personnes commence ici. L’Église rend visible ce qui est invisible, et pour cela elle le fait ouvertement au vu de tout le monde. Sa visibilité est même une des conditions de sa fécondité.

À notre tour, n’ayons pas peur d’aller dans l’orphelinat du monde moderne annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ.

Homélie en vidéo

Ab. Bruno Druenne

Lundi 18 mai 2020 - Le Défenseur fait de nous des témoins

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Un avocat est chargé de conseiller quelqu’un et de témoigner en sa faveur. En promettant à ses disciples l’envoi d’un Défenseur, l’Esprit de vérité, Jésus nous envoie, en quelque sorte, un avocat. Mais l’Esprit est plus qu’un avocat. Il nous permet de connaître le Père et Jésus son Fils. Il nous met en communion vivante avec Dieu, dans une relation personnelle et indéfectible.

L’Esprit Saint, notre défenseur, ne nous permettra pas de toujours échapper à la contradiction, voire même à la persécution. Cela, Jésus nous l’annonce aussi. Mais, même dans ces circonstances, il nous assure que rien ne pourra nous séparer de la communion avec le Père en Jésus son Fils et il nous donne la force de témoigner jusqu’au bout dans la défense de la foi, jusqu’au témoignage ultime du martyr dans certains cas.

Le bienheureux Franz Jägerstätter, martyr autrichien du nazisme pour avoir refusé de combattre pour le Troisième Reich et dont le témoignage a été magnifiquement mis en lumière par le splendide film Une vie cachée, écrivait : « Si Dieu ne m’avait pas accordé sa grâce et la force de mourir, si nécessaire, pour défendre ma foi, je ferais peut-être simplement ce que fait la majorité des gens. Dieu peut en effet accorder sa grâce à chacun comme Il le désire. Si d’autres avaient reçu les nombreuses grâces que j’ai reçu, ils auraient peut-être fait des choses bien meilleures que moi. »

Ab. Luc Terlinden

Mercredi 20 mai 2020

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Dieu n’est pas loin de chacun de nous, nous sommes de sa descendance !  Ces deux idées sont au cœur du message que saint Paul désire passer aux Athéniens dans la première lecture de ce jour.  Saint Paul est avec les autres apôtres le premier des missionnaires chrétiens et sans doute celui qui a le plus marqué les esprits et le plus contribué à évangéliser grâce à ses nombreux discours et messages musclés relatés dans les Actes et dans ses nombreuses épîtres.  Il nous montre ici combien il arrivait à brillamment s’adapter au public à qui il s’adressait, un exemple dont devraient s’inspirer tous nos missionnaires et évangélisateurs contemporains. 

Saint Paul fait effectivement référence à la culture et à la conception grecque de la divinité qui considérait les dieux comme lointains, inaccessibles, incontrôlables, à qui il fallait faire des offrandes et des sacrifices dans des temples somptueux faits « d’or, d’argent et de pierre » et bâtis en l’honneur de chacun d’eux afin de tenter de les amadouer et d’obtenir des faveurs de leurs parts.  Mais ces dieux grecs ne se souciaient en fait que très peu des êtres humains car ils étaient à l’image des êtres humains, remplis de défauts, de sentiments égoïstes, de jalousies et avides de conflits et de tromperies entre eux.  Saint Paul va même jusqu’à citer au verset 28 deux poètes grecs : Épiménide du VIème siècle ACN et Aratos du IIIème siècle ACN.  Il essaie ainsi d’être au plus proche de ses interlocuteurs pour tenter de les convertir.  La fin de la première lecture nous montre que ce n’est pas un succès total mais que certains Grecs ont tout de même franchi le pas.

Il faut dire que la tâche de l’apôtre Paul n’était vraiment pas aisée puisque, comme il s’attache à le démontrer, notre Dieu chrétien est tout à l’opposé des dieux grecs et ceci est loin d’être anodin pour notre façon de vivre notre Foi.  Notre Dieu est à l’origine de la Création, de l’Homme et par conséquent, ce sont les Hommes qui sont à l’image de Dieu et non l’inverse.  Notre Dieu nous a faits et se préoccupe donc de nous en voulant notre bonheur, Il nous aime d’un amour absolu, irrévocable et inconditionnel.  Il nous veut libres et ne désire donc pas d’offrandes ni de sacrifices mais espère juste que nous restions le plus possible fidèles à ses enseignements.  Il est sans défaut, ce qui lui permettra de « juger la terre avec justice » à travers son Fils Jésus.  Il permet, même s’il est « l’au-delà de tout », aux hommes « qu’ils le cherchent et, si possible, l’atteignent et le trouvent » au plus profond de leurs cœurs. 

Notre Dieu est unique, Il est « la divinité », mais se laisse aborder à travers 3 portes d’accès différentes, 3 clés de compréhension différentes mais non distinctes qui composent la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit.  Ce n’est déjà pas facile à concevoir aujourd’hui, ce l’était évidemment encore moins pour les Grecs de l’époque qui croyaient en plusieurs dieux distincts (même des inconnus !) et pour qui la résurrection d’entre les morts de Jésus et de nous tous à sa suite n’était pas acceptable : ils ne croyaient qu’en la résurrection spirituelle et non corporelle.

Tout cela nous différencie totalement de la religion grecque de l’Antiquité et nous permet donc d’entretenir une relation beaucoup plus forte et intime avec Dieu.  Prenons bien conscience de notre conception chrétienne de Dieu et n’oublions pas de consacrer du temps à nous rapprocher de Dieu qui n’est en fait jamais loin de nous, qui se trouve dans notre cœur profond.  Donnons-nous les moyens de nous isoler pour prier plus intensément Dieu et d’avoir un véritable cœur à cœur avec Lui.  Cette proximité de Dieu avec nous se matérialise encore plus lors de la Communion, quand nous Le recevons en nous à travers l’hostie consacrée.  Goûtons-la plus intensément à la fin de cette pénible période de confinement en la redécouvrant quand les eucharisties seront à nouveau permises.  Approfondissons notre Foi en laissant en nous plus de place à l’Esprit Saint car, comme Jésus le dit dans l’évangile, c’est Lui qui nous « conduira dans la vérité tout entière », qui nous communiquera comment mieux comprendre le Père et le Fils et qui nous permettra, comme aux apôtres, de mieux aborder tous les moments de nos existences humaines, les joyeux comme les plus douloureux.

Olivier Dekoster

Jeudi 21 mai 2020 - Ascension

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

Ab. Bruno Druenne

Vendredi 22 mai

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

« En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »

Jésus a pris du temps à enseigner ses disciples. Beaucoup de temps. Il a voulu aussi les rassurer longuement face aux événements tragiques qui allaient se produire : sa passion, sa mort mais aussi le retour, la résurrection. Au lendemain de l’Ascension, je m’interroge sur cette phrase qui termine aujourd’hui l’extrait de l’évangile de Jean : « En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions ». Cette phrase fait écho à celle que nous avons lue vendredi passé : « Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15). Mais alors, le Christ deviendrait muet ? Le Christ serait un dieu absent.

Eh bien d’une certaine manière, il y a effectivement une absence de Dieu dans nos vies. Dieu n’est pas à la manœuvre de nos vies. Dieu, qui nous aime parce que l’amour est son essence même, veut nous laisser entièrement libre. Par amour. Il y a eu la Parole, qui nous est donnée par le Verbe fait chair. Et puis il y a le silence apparent.

Cet effacement de Jésus est essentiel pour notre liberté. Cet effacement se fonde sur la confiance que Dieu nous fait, de manière définitive. Dieu croit en nous, en notre intelligence. Dieu veut nous laisser autonome dans nos choix. Dans la première lecture, nous voyons des hommes qui veulent que les lois, les règles, l’autorité tranchent sur les choix à faire. C’est tellement confortable quand quelqu’un me dit ce que je dois faire, parce que c’est la loi, la règle, ou simplement l’habitude ou la coutume. J’applique la règle sans me poser de questions. Quelqu’un ne la respecte pas : il doit être sanctionné ou exclu car infréquentable.

Quand des règles portent sur notre manière de vivre ensemble, les commandements, elles ont bien sûr toute leur valeur. Elles créent l’espace où peuvent se vivre la fraternité et la charité plutôt que de vivre dans la loi de la jungle. Mais pour nos choix de vie personnelle, nos engagements, nos actes libres, notre manière de vivre notre foi, notre manière d’être en relation avec les autres, il n’y a plus de lois : il y a notre conscience. Elle est « le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre » (Gaudium et Spes, n°16).  « Cette présentation de la conscience en souligne le caractère très exigeant. Écouter sa conscience, contrairement au fait de suivre ses impulsions, ses idées ou même ses convictions propres, est d’abord un rendez-vous avec Dieu, où le sujet reçoit sa liberté de cette relation » (P. Etienne Grieu s.j. et P. Jacques de Longeaux).

C’est au fond de nous que ça se passe. C’est par l’écoute de cette conscience que nous pouvons retrouver Dieu par la grâce de l’Esprit. Bien sûr cette conscience doit être éclairée. Elle l’est par les Écritures. Elle l’est aussi par nos échanges mutuels, nos dialogues fraternels, nos partages. Il ne s’agit pas de trouver un consensus entre nous. Il s’agit de nous aider les uns les autres à grandir dans la foi, chacun à son rythme, avec son cheminement propre. Car cette liberté que Dieu nous donne, nous devons aussi nous la donner les uns aux autres.

André Vanderstraeten, diacre

Samedi 23 mai

L’évangile en audio (par Prions en Église)

Homélie

On reproche souvent aux chrétiens d’être des personnes tristes. On nous dit : « Dans votre vie individuelle ou dans vos assemblées, on voit peu de joie ». Les gens de l’extérieur n’associent pas, d’emblée, la joie aux chrétiens, comme étant une caractéristique propre de leur comportement. On nous voit plutôt à travers les discours sur les péchés, sur la souffrance et sur la mort.  Ils sont connus les propos de Nietzsche : « Mais vous, si votre foi vous rend heureux, montrez-vous donc heureux ! Vos têtes sont encore plus tristes que vos pensées. Si le message joyeux de votre Bible était marqué sur votre visage, vous n’auriez pas besoin d’exiger de manière aussi obstinée notre foi en l’autorité de ce livre ». Il nous faut reconnaître que quelque part, il a raison. L’Évangile, qui signifie n’est-ce pas la Bonne Nouvelle, la Joyeuse Nouvelle ne peut pas être annoncé avec une sorte de tristesse au « visage ».

Dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus nous invite à la prière, laquelle peut devenir la source d’une joie parfaite. Plus la prière est profonde, plus la joie est parfaite puisqu’elle trouve ses appuis dans la fidélité et la persévérance. Or, la vraie joie est toujours un fruit qu’on cueille sur l’arbre du dépassement de soi-même, du renoncement et d’un effort qui est marqué par la fidélité. Alors, ce n’est qu’après une longue marche, parfois épuisante, qu’advient la joie que plus personne ne peut nous ravir. Cette joie qui provient à la fois de notre effort et de la beauté du paysage découvert. 

Il est vrai, que parfois prier peut apparaître comme une entreprise ennuyeuse ou pesante. Comment donc la prière peut-elle devenir source de joie pour nous ? Selon Jésus, il nous faut d’abord nous adresser à Dieu comme on s’adresse à un Père et lui demander comme un enfant qui demande une chose à son Père. Une telle prière, prière de demande, fait grandir en nous la foi et la joyeuse confiance, laquelle au fil des années deviendra parfaite. « Demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite » nous dit Jésus. La prière source de joie, source d’épanouissement, source d’équilibre. Prier, afin que notre joie soit complète.

Ce n’est pas la première fois que Jésus s’adresse à ses disciples avec une telle invitation à faire confiance à Dieu. Lui-même affirme cela : « En disant cela, je vous ai parlé en images. L’heure vient où je vous parlerai sans image, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. » Oui, c’étaient les images du Père que Jésus a révélées à travers toutes ses paraboles. La joie d’un père qui retrouve son fils, la joie d’une femme qui retrouve sa pièce de monnaie, la joie d’un berger qui retrouve sa brebis : ce sont là les images qui nous parlent de Dieu, de Dieu le Père. Dieu est amour, il est toute joie, car il aime.  Sa plus grande joie c’est de se retrouver avec nous, d’être plus près de nous afin qu’à notre tour nous entrions dans sa joie. Elle est vraie cette joie-là puisqu’elle sait donner et recevoir contrairement au plaisir qui est complètement fermé à un quelconque échange. La joie se partage. La joie chrétienne est présence et ouverture à autrui, source d’échanges pleins de respect et d’amour. En effet, en nous mettant à prier nous entrons en communion avec le Père très aimant : « car le Père lui-même vous aime. » nous dit Jésus. Cet amour-là a un visage qui est celui de l’Esprit Saint. Enfin c’est l’Esprit Saint qui, en habitant notre prière adressée au Père, nous comblera de sa joie. Grâce à lui, en toute liberté et joie parfaite, désormais les chrétiens appelleront Dieu « Abba ».

En ce temps de préparation à la Fête de la Pentecôte, nous devons prier notre Père de nous donner l’Esprit Saint, car c’est lui uniquement qui peut susciter en nous la véritable joie. C’est une allégresse durable, portant des fruits jusque dans l’épreuve. L’Esprit Saint est la joie de Dieu le Père et du Fils offerte aux hommes.

« Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! »

Pawel Slowik, scj

Célébration complète de ce dimanche

Dernière mise à jour : 23/5/2020