Homélies de la semaine sainte

Triduum pascal

Jeudi, vendredi et samedi saints, retrouvez ici les introduction amtinales et célébrations du soir pour chaque jour :

Célébrations et homélies des 3 jours saints

Dimanche des Rameaux 5 avril 2020

 

L’homélie en vidéo

« Hosanna ! Viens, sauve-nous… et aussi Louange… »
L’abbé Luc Terlinden commente l’évangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem, et nous invite à la prière et à la communion à la Passion du Christ…

Lundi saint 6 avril 2020

© Onction à Béthanie - Marko Rupnik
© Onction à Béthanie – Marko Rupnik

Homélie

Dans ce passage de l’évangile de Jean, il y a un excès exorbitant. Tout d’abord, il y a l’excès dans la quantité de parfum et de l’argent que cela représente. Trois cents pièces d’argent sont l’équivalent de 300 jours de travail. C’est une véritable fortune. Il y a aussi l’excès dans le comportement de Marie. Essuyer les pieds d’un homme, c’est le geste d’un serviteur, voire d’une esclave. Elle a dû dénouer ses cheveux : cela témoigne d’un abandon de soi-même, de toute sa dignité. Même une esclave ne ferait pas cela. Elle témoigne son adoration pour Jésus.

Marie adore le Christ et Marthe fait le service. Deux images fortes. Oublions l’aspect « genré » du passage : une femme à la cuisine et une femme qui joue l’esclave. C’est propre au temps de l’auteur. Retenons les deux attitudes devant Jésus : servir et adorer.

La servilité nous agace. L’excès nous agace. L’amour excessif nous agace. Nous fronçons les sourcils devant des amoureux et leurs bêtises. Et pourtant, c’est ce qui va fonder leur amour durable. Pour les amoureux, leurs excès d’amour, les gestes bébêtes, leurs propos niais ont une réelle signification. Marie est dans ce genre d’attitude. Elle pose un geste incompréhensible pour les gens raisonnables. Mais pour elle qui aime Jésus, ce geste a un sens. Son amour lui a-t-il fait comprendre ce que Jésus sait déjà : sa mort imminente ? Est-ce que la connaissance de l’un conduit l’amour de l’autre ? C’est une question qui appartient à la relation entre Marie et Jésus.

Agacement devant l’excès, comme l’exprime si bien Judas. Identifié comme voleur, il tient quand même un discours plein de bon sens. Pourquoi dépenser autant d’argent dans un parfum alors qu’il y a des pauvres ? Pourquoi dépenser de l’argent à des futilités ? Pourquoi acheter une bouteille de parfum Chanel n°5 (1.761,90 € pour 225 ml) ? C’est de la folie quand on voit la misère qui existe autour de nous ! Faut-il être fou amoureux pour faire pareil cadeau ! Si on sépare le geste de Marie de l’amour, il n’a aucun sens. Mais dans l’Écriture, le geste du parfum sur l’aimé, le geste de se mettre au pied de l’aimé est fréquent : la reine de Saba, Ruth, le Cantique des Cantiques, ….

L’amour de Marie pour Jésus est en opposition avec la haine de ceux qui veulent faire mourir Jésus et Lazare. La haine conduit à la mort. L’amour conduit à la vie. Lazare revient à la vie par l’affection que lui porte Jésus, bouleversé par sa mort. Jésus se donne par amour pour l’humanité et revient à la vie. Qui aime ne meurt pas.

Et nous, de quel côté voulons-nous vivre ? Du côté du Christ, du côté de l’amour « déraisonnable », sagesse de Dieu et folie pour les hommes ? Ou du côté de la haine, du côté raisonnable de Judas, du côté des règles, de l’ordre bien établi des grands prêtres, prêts à tuer pour ne pas se remettre en question.

Il faut bien sûr des règles pour vivre ensemble, mais quand on pousse les règles jusqu’à l’absurde, on finit par rejeter son colocataire ou son voisin de palier parce qu’il est infirmier dans un hôpital. Continuer à le fréquenter, à le soutenir, par exemple en faisant ses courses pendant qu’il prend soin des autres, c’est le choix de l’amour.

En réalité, il nous faut surtout des règles d’amour. Beaucoup sont à leur fenêtre ou sur leur balcon tous les soirs à vingt heures pour manifester leur soutien au personnel des hôpitaux, aux médecins, aux maisons de repos. Mais il y a aussi des esprits chagrins pour critiquer cet élan de la population. Leur critique est souvent dure : inutile, écœurant de niaiserie, inconséquents, hypocrites… Il ne manque pas d’intellectuels, de philosophes ou d’éditorialiste pour tourner en dérision ces applaudissement spontanés. Sans doute sont-ils raisonnables. Leurs arguments méritent quelque fois de réfléchir. Mais ils oublient d’abord et avant tout le besoin de tous d’exprimer sa solidarité devant le malheur, de manifester comme on peut cet amour qui agit au fond de nous.

Laissons-nous aller à l’amour, comme Marie de Béthanie, en gardant à l’esprit que c’est en aimant « déraisonnablement » nos prochains que nous aimons Dieu. Et Dieu nous aime, car il aime cette bonne odeur du Christ que nous répandons en applaudissant le soir à vingt heures.

André Vanderstraeten, diacre de l’unité pastorale

Mardi saint 7 avril 2020

Homélie

L’Homme est capable du meilleur et du pire !  Notre humanité est le théâtre de si beaux gestes d’amour mais aussi de si graves manifestations de désordre et de haine, c’est le prix de la liberté qui nous est laissée par Dieu. La première lecture de ce jour est le deuxième des quatre poèmes du Serviteur du livre d’Isaïe (les autres se trouvant aux chapitres 42 puis 50, 4-11 et 52, 13 – 53, 12).  Ce poème s’adresse aux « îles » et aux « populations du lointain » en les appelant à se regrouper au sein d’Israël. Il exprime un énorme attachement d’Israël à son Dieu puissant qui se traduit par une relation très forte d’un serviteur vis-à-vis de son Seigneur qui l’a « formé dès le sein maternel ». Israël reçoit la promesse d’être « la lumière des nations » afin que le salut de Dieu « soit présent jusqu’à l’extrémité de la terre ». Notre Ancien Testament est quasi identique à la Bible de la religion juive, la Thora, et les juifs croyants sont très fort attachés à leur identité, à leur nation Israël et à leur croyance en Dieu. C’est beau de se dire que cet attachement du peuple d’Israël à son Dieu remonte à si loin et est toujours d’actualité aujourd’hui : les juifs de la diaspora sont présents dans le monde entier et partagent partout les mêmes coutumes et les mêmes rites religieux avec une grande dévotion à Dieu. Ce poème nous permet de mieux comprendre ce grand attachement des juifs à leur terre, attachement qui a malheureusement aussi été à l’origine de beaucoup de violences et de conflits. Le meilleur côtoie le pire lorsque s’en mêlent l’intolérance, les luttes de pouvoir, les fanatismes et les extrémismes de tous bords. 

Du côté chrétien, le message de Jésus et de la Bible est également présent dans le monde entier grâce notamment à saint Paul et aux autres apôtres, avec la particularité de regrouper des hommes et femmes de toutes les races et cultures. Quelle diversité et quelle richesse ! Mais comme cela est parfois difficile à vivre quand nous sommes amenés à devoir vivre ou collaborer ensemble ! Il n’empêche, cela doit nous inciter à toujours élargir notre prière au-delà de notre propre personne et à être en union et en communion avec nos frères et sœurs chrétiennes dans le monde. Face au confinement qui nous est imposé et à l’absence temporaire d’assemblées de prière et d’assemblées eucharistiques, il est réconfortant de se rappeler que lorsque je prie seul(e) ou en couple ou en famille, je le fais en communion avec tous les autres croyants et spécialement avec ceux qui ont aujourd’hui la possibilité de vivre l’eucharistie. Ces derniers, ainsi que nos prêtres, célèbrent l’eucharistie aussi en notre nom et nous portent dans la prière.

Dans l’Évangile de ce jour, nous observons clairement le contraste entre la beauté et la laideur de la nature humaine. Jésus est en train de manger avec ses fidèles apôtres à l’occasion de la Pâques juive et Il vient de leur témoigner son suprême amour en leur lavant les pieds, tel qu’un serviteur le ferait pour son Seigneur, avec le même zèle que celui exprimé dans la première lecture. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que la fête soit parfaite et pour toucher le cœur des apôtres mais Jésus perçoit pourtant que le mal est présent dans le cœur de Judas et de Pierre et qu’ils vont être amenés à le trahir. Judas était jusqu’alors à ses côtés mais va le quitter définitivement. Pierre est plus proche de la majorité d’entre nous : il alterne entre des grands élans d’attachement pour Jésus, des grandes paroles de sagesse et des paroles et des actes beaucoup moins recommandables. Pierre restera cependant fidèle jusqu’au bout et se verra confier l’Église à construire à la suite de Jésus.

Restons vigilants face à cette tentation du mal qui nous guette si souvent ! Exprimons avec vigueur notre attachement au Seigneur mais n’oublions pas de rester humbles face aux nombreux péchés que nous ne manquons pas de commettre. Rappelons-nous cette invitation de Jésus au Jardin des Oliviers en Matthieu 26, 41 et Marc 14, 38, à la veille de cette si grande expression du mal que sera sa crucifixion : « veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L’esprit est plein d’ardeur mais la chair est faible. » L’esprit de l’Homme est orienté vers le bien mais l’Homme est aussi chair, soumis au pouvoir du péché. Il est à préciser que la pensée juive de l’époque considérait que l’Homme était dans sa totalité écartelé entre le bien et le mal et qu’elle n’opposait pas la chair de l’Homme à l’esprit de Dieu comme le fera plus tard saint Paul. Soyons conscients de cette présence du mal à nos côtés et prions donc tout spécialement cette phrase du Notre Père : « ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal. »

Olivier Dekoster

Mercredi saint 8 avril 2020

Il est très difficile aujourd’hui de passer outre le sujet d’actualité, omniprésent dans nos discussions à table à savoir : la pandémie de coronavirus qui sévit dans le monde. Il est fort probable que ce sujet restera encore pour longtemps à la une. Certainement, nous tous, par nécessité d’apprendre à se protéger, nous sommes devenus spécialistes en la matière. Mais hors de ses dangers et de ses conséquences, la pandémie reste révélatrice de nos comportements. On y voit des très nombreux gestes de bonté et de générosité mais aussi des gestes peu humains et parfois même indécents. Les cas très isolés, mais quand même réels, d’infirmiers ayant eu des contacts avec les malades du virus, se voir délogés par leurs colocataires. En même temps, à 20h on applaudit ces braves gens si dévoués au service des malades ! Ce contraste choque tellement ! Il est aussi décevant de voir des grandes puissances nucléaires, et souvent de très proches alliés, s’arracher des masques de protection. Et tout cela se passe, selon une formule connue : chacun sauve sa peau. Malheureusement, ces situations confirment que « ce qu’il y a de  plus profond en l’homme, c’est la peau » ! (Paul Valéry)

Dans l’évangile d’aujourd’hui il est question des disciples de Jésus. Tout d’abord nous voyons Judas Iscariote l’un des douze disciples de Jésus, prendre l’initiative de livrer Jésus à ses adversaires. Eh oui, Judas a été bel et bien appelé par Jésus à sa suite. Combien de fois, Judas a-t-il dû entendre ces paroles de Jésus : « Si quelqu’un veut venir après moi, quil renonce à lui-même, … » ou « En vérité, en vérité, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits. » Mais qu’est-ce qu’il en a retenu ? Peut-être pas grand-chose. Sans le juger, il n’empêche que nous pouvons méditer sur ses motivations et les conséquences de sa trahison. Il semble qu’il se soit laissé emporter par ses convoitises inavouées : l’argent. C’est un opportuniste. Quand il voyait qu’avec Jésus, qui risquait d’être arrêté d’un moment à l’autre, il n’allait plus tirer aucun profit, il le trahit.   Au lieu d’écouter et d’apprendre le langage des disciples, comme nous suggère l’exemple du prophète Isaïe dans la première lecture, il se met à écouter ses propres envies. Il ne voit pas plus loin que sa propre personne.

Cette première lecture, où Isaïe parle d’un langage qui caractérise les vrais disciples, est très intéressante. Quel est ce langage ? Tout d’abord, c’est un don de Dieu qui d’un côté permet au prophète de trouver une parole pour soutenir celui qui est épuisé et de l’autre côté de rendre son cœur courageux et confiant face à ses adversaires.  Le vrai disciple laisse éveiller son cœur par l’appel de Dieu : « je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé ».

Il est évident qu’au fond, Judas n’a jamais réussi à se mettre à l’écoute de son Maître. Il n’a jamais permis que le Seigneur éveille son oreille pour qu’en disciple, il écoute. » Et pourtant, Jésus a essayé jusqu’au dernier moment de faire revenir Judas sur sa décision, en lui déclarant qu’il connaît son plan : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer » et en l’avertissant que par son acte il sera malheureux : « malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! ». Judas restera comme celui qui s’est servi au plat. Il se servait aussi de l’argent de la bourse commune qu’il tenait. Celui qui se sert au lieu de servir trahit en quelque sorte sa vocation de disciple. Judas se rend compte trop tard qu’il a trahi un innocent.

A l’inverse de l’attitude de Judas, l’évangile nous montre l’attitude du vrai disciple. Le vrai disciple c’est celui qui prend l’initiative pour servir « les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? », et qui écoute pour « faire ce que Jésus (…) avait prescrit… »  

A la fin, il nous reste encore quelqu’un qui dans l’évangile d’aujourd’hui est appelé : untel. Jésus dit à ses disciples : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : (…) c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. » Jésus s’invite chez moi, chez toi pour célébrer sa mort et sa résurrection. Célébrer la Pâque avec Jésus c’est avant tout accepter que notre vie soit toujours renouvelée, transformée par lui. Il nous demande, en effet de faire de notre vie entière le lieu de rencontre avec lui. Une belle perspective pour le temps du Triduum Pascal, pour ce temps de confinement, Jésus s’invite en ami chez moi !

p. Pawel Slowik, scj

Jeudi saint 9 avril 2020

Tout dans cet évangile du lavement des pieds et dans l’institution de la Cène que nous livre saint Paul, nous montre que Jésus est présence. Présence aimante qui se manifeste de manière charnelle, Jésus touche ses disciples. Pour reprendre une expression du pape François, Jésus nous caresse. Jésus est la tendresse même, il prend soin de nous concrètement et non de loin. Il se met concrètement plus bas que ses disciples.

De plus la situation présente nous fait percevoir en creux une autre réalité. Jésus instaure la communion entre les hommes. D’individualités éparses, confinés dans leur monde, il en fait une communauté unie par l’amour.

Ils sont douze autour du Seigneur, ce nombre signifie une plénitude.

La vie avec le Christ est une vie de communion avec Lui et avec tous nos frères et sœurs. Une vie opposée à celle que nous vivons en ce moment, ou le confinement nous impose une séparation physique qui amoindrie la dimension corporelle de notre être crée à l’image de Dieu, et par lequel nous entrons en relation avec les autres. N’oublions jamais que nous ressusciterons corps et âme.

Pour arriver à cette pleine communion avec la Sainte Trinité et entre les élus, le lavement des pieds nous indique un chemin, celui emprunté par le Christ, et que tout disciple est appelé à suivre sous peine de s’égarer.

Ce chemin est, tout d’abord, l’accueil de l’amour infini du Christ, ainsi que celui de l’abaissement dans le service.

À ceux qui l’aiment, Jésus demande cette participation dans le renoncement. Renoncer signifie mettre toutes nos qualités au service du bien véritable, de la splendeur de la vérité. Pour entrer dans une relation durable avec le Christ, le disciple ne saurait faire l’économie de cette croix. Nous voudrions accomplir de grandes choses pour être vu, alors que le Seigneur nous en demande des toutes petites, invisibles. Que de petits miracles de bonté, d’attentions toutes simples les uns envers les autres en ce moment. Seul Dieu les voit. En répondant à l’appel du Seigneur de nous laver les pieds les uns les autres, nous sommes sûrs d’être sur la route de la vie éternelle. Car le service authentique rend l’homme libre comme Dieu.

De plus, nous ne sommes pas laissé seul. La présence bienveillante du Christ ne nous fait jamais défaut par le mystère de l’Eucharistie. Le mot désir dans communion de désir, atteste bien que nous sommes en attente de la communion réelle.

Par le sacrement de réconciliation, lié au lavement des pieds, le Seigneur nous redonne force et courage pour avancer.

En ce jeudi saint, nous pouvons accompagner, en esprit, Jésus au reposoir. Nous mettre devant le Saint Sacrement et tout simplement l’adorer et le remercier du fond de notre cœur. Entrons dans le silence du Seigneur.

« Ou sont amour et charité, Dieu est présent. »

Jérôme Walewski, diacre

Vendredi saint 10 avril 2020

« On m’ignore comme un mort oublié, comme une chose qu’on jette. » Quelle détresse dans ce verset du psaume 30. Ce psaume met en tension la foi dans le Seigneur et l’angoisse du rejet et de la mort. Cette peur est aussi la nôtre. Être humilié, être rejeté par les autres. La mort qui nous attend tous à terme. La vie peut être une source de peur et de mal-être, de craintes avouées ou tues.

Jésus, livré au pouvoir des prêtres, voit ses amis fuir. Pierre, à qui il a donné toute sa confiance, le renie à plusieurs reprises, volontairement. Abandonné, humilié, ridiculisé, torturé, tué : pourquoi une telle atrocité pour cet homme qui n’a fait que le bien ? C’est difficile à imaginer, cette cruauté gratuite. Cela ne peut pas vraiment exister, quand même ! Vraiment ? Ouvrons les yeux ! Rappelons-nous le nombre de réfugiés noyés en méditerranée. Rappelons-nous le cadavre de ce petit enfant sur une plage espagnole. Et ces camps en Turquie, où des familles meurent de froids. Et ces civils sous les bombes en Syrie. La cruauté existe toujours. Elle est partout, parfois loin, parfois proche. Je choisis de la voir ou pas. Je choisis de voir la souffrance du Christ ou pas. Car si la mort du Jésus n’a de sens que par la résurrection du Christ, cette résurrection n’a de sens que par la mort. Cette mort devant laquelle nous restons bouche bée avec ce simple mot en tête : pourquoi ?

Je crois être spectateur de cette cruauté, mais ce n’est peut-être pas si sûr que ça. Mon désintérêt pour le sort de ces personnes qui souffrent, proches ou lointaines, participe à cette cruauté. « On m’ignore comme un mort oublié ». J’ignore ces morts que j’oublie bien vite. J’oublie bien vite la mort de Jésus pour ne voir que la résurrection. Et bien aujourd’hui, en ce vendredi saint, nous sommes appelés à regarder cette mort. Nous sommes appelés à regarder cette souffrance.

« Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous », lisons-nous dans le passage d’Isaïe. Le Christ est en croix à cause de nous ! Ce n’est pas facile à comprendre.

Au boulot, ça m’est plusieurs fois arrivé de faire des erreurs. Parfois des solides bourdes qui me mettent vraiment mal. Et il faut assumer. Mais ça m’est arrivé aussi que mon boss me dise : « T’inquiète, je m’en charge ; je prends sur moi ! » Et ça, c’est un vrai soulagement. Le Christ ne fait pas autre chose : il nous dit que toute cette cruauté, tous ces aveuglements, tous ces rejets, tout ce qui fait la veulerie et la méchanceté de notre humanité, il la prend sur lui. Tout est racheté aux yeux de Dieu. Dieu ne nous laisse pas dans nos marasmes, dans nos hontes, dans nos culpabilités. Il nous rejoint jusque là. Il nous accompagne à travers tout ça. Regardons la croix : c’est elle qui nous sauve.

André Vanderstraeten, diacre

Célébration de ce dimanche

Dernière mise à jour : 13/4/2020