Homélies de la semaine du 22 mars

Un petit commentaire quotidien de la Parole de Dieu...

Agnus Dei de Francisco de Zurbarán musée du Prado Madrid
© Agnus Dei de Francisco de Zurbarán musée du Prado Madrid

Samedi 28 mars

Lisez d’abord les lectures du jour ! (et pour info : la revue Magnificat est en accès libre sur internent pour la durée du confinement)

Le prophète Jérémie, incompris et persécuté, adresse à Dieu une prière dans laquelle il le remercie de l’avoir aidé à découvrir le complot de ses ennemis. En même temps Jérémie clame son innocence : « et moi j’étais comme un agneau docile qu’on mène à l’abattoir… » et demande à Dieu « qui juge avec justice, qui scrute les reins et les cœurs » de le venger. Toutefois, après les appels à la vengeance, si naturels au fond, et qui remplissent les pages du prophète Jérémie, on trouve ces mots apaisés : « c’est à Toi, Seigneur, que j’ai remis ma cause », Dieu, seul recours dans certaines situations humainement désespérées. Soit on se remet entre les mains du Père, soit rein ! Le néant. C’est dans une prière à Dieu que Jérémie réagit. Pour nous aussi il est question d’arriver à réagir ainsi, à tout transposer en prière !

Dans ce passage, nous découvrons également quelques images par lesquelles Jérémie décrit sa souffrance : » j’étais comme un agneau docile qu’on emmène à l’abattoir… comme un arbre coupé à la racine, retranché de la terre de vivants » et plus tard ces images allaient s’accomplir dans la passion et la souffrance de Jésus.  Je t’offre, Seigneur, en ce jour, mes propres souffrances. Je t’offre aussi le poids de toutes les souffrances de tous les hommes dans le monde.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons la foule des juifs se diviser au sujet de Jésus. Il est question d’arrestation manquée, et de condamnation à mort. La scène se déroule en l’absence de Jésus afin de mettre en relief le complot qui se prépare dans les coulisses. En regardant cette scène et en écoutant les dialogues entre les groupes et les personnages nous pouvons constater que l’enseignement de Jésus et sa personne suscitent controverses et polémiques. Mais par-dessus tout cela il y a aussi la volonté délibérée des chefs du peuple de tuer Jésus, de « retrancher l’arbre de la terre des vivants ».

Il n’est pas facile de prendre parti pour Jésus. Néanmoins, Nicodème, celui qui naguère était venu trouver Jésus, a voulu prendre sa défense. Au risque de se faire mal voir. Au risque d’être jugé avec lui. Est-ce que j’en suis capable ? Est-ce que je suis capable d’être méprisé et mal jugé, pour avoir suivi Jésus ? La question de Nicodème posée aux chefs : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? », nous invite à privilégier dans nos rapports une écoute attentive et un regard bienveillant pour permettre à tout homme trouver sa place sur la terre des vivants.

p. Paul Slowik, scj


 

Vendredi 27 mars

Lisez d’abord les lectures du jour

Dans ce temps particulier qui nous est donné, goûtons chaque jour au silence, mettons-nous à l’écoute du Verbe de Dieu, et contemplons-le. Le contempler, ce n’est pas seulement regarder Jésus dans l’évangile ni essayer de tout comprendre, mais plus profondément tourner notre être tout entier vers lui qui est Dieu, tourner les yeux et oreilles de notre cœur vers Lui, entrer plus loin dans la relation d’Amour avec le Père par le Fils qui se révèle à nous, dans l’Esprit qui nous éclaire et nous guide sur le chemin de cette divine rencontre.

Chaque jour de ces semaines, contemplons donc notre Dieu, Celui qui vient nous sauver du Mal et de la Mort.

Depuis le début de cette semaine et jusqu’à la semaine sainte (c’est déjà dans 10 jours), nous avançons dans l’évangile de Jean. On sent une tension monter. Les dirigeants Juifs traquent Jésus et veulent l’éliminer. Et pourtant, il poursuit sa mission, quitte à faire le trajet en cachette pour pouvoir continuer d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Contemplons notre Dieu qui a voulu être proche de toute l’humanité, y compris et même d’abord de ceux qui sont harcelés, poursuivis injustement, traqués par des influenceurs qui devaient se dire bien-pensants… Le Fils de Dieu qui s’est trouvé dans cette ambiance lourde et pleine de menaces parce que rejeté, haï…

Jésus sait que son heure n’est pas encore venue. Tant de gens doivent encore l’entendre témoigner de Celui qui l’a envoyé, le voir aimer ceux que le Père lui a confiés, le reconnaître dans l’Amour du Père qu’il donne à profusion. Contemplons notre Dieu qui se révèle ainsi à nous, qui se fait connaître, qui montre son amour infini…  Notre Dieu-Amour qui nous fait le don de lui-même…

Arrivé au temple, il a voulu s’adresser à ceux qui étaient là et leur témoigner de qui il était, les invitant à le reconnaître comme Celui qui est envoyé du Père ! En plein dans la tourmente, le Fils demeure dans l’intimité du Père, dans sa pleine communion. Contemplons le Fils qui, dans sa souffrance et sa solitude vraiment éprouvées dans son humanité, ne cesse d’être dans la Paix, dans la présence du Père par l’Esprit… Notre Dieu qui nous montre ainsi qu’il est réellement présent auprès de tous ceux qui souffrent…

 

En te contemplant, Seigneur, Jésus-Christ, nous entrons peu à peu dans ton mystère, mystère pascal, mystère de ton incarnation, de ta passion, de ta résurrection, de ton ascension ; tu nous fais ainsi entrer peu à peu dans la connaissance de ton Père, Notre Père… Béni sois-tu !

Ab. Bruno Druenne


 

Jeudi 26 mars 2020

Lisez d’abord les lectures du jour

Qu’il est parfois difficile à l’être humain de croire ! A fortiori, en un Dieu dont nous n’avons jamais vu la face et dont nous croyons peut-être n’avoir jamais entendu la voix. Même en ces temps de confinement où nous nous retrouvons subitement avec beaucoup plus de temps à notre disposition, ce n’est pas forcément évident de trouver du temps ou plus de temps pour nous tourner vers Dieu. Nous pouvons penser : « à quoi bon ? Est-ce que Dieu peut faire quelque chose contre un virus ? Pourquoi ce virus nous tombe-t-il dessus ? Pourquoi tant de morts et de souffrance ? ». Il peut paraître aussi plus aisé d’occuper son temps à des choses plus matérielles, plus interactives, plus émotionnelles, plus excitantes : ranger son intérieur, faire le grand nettoyage, téléphoner, chatter sur les réseaux sociaux, regarder une série, jouer en ligne, lire ses livres en retard,… Ces activités ne sont bien sûr pas forcément mauvaises et même parfois salutaires pour nous permettre de tenir le coup face à ce confinement imposé mais elles ne devraient pas nous faire oublier la présence de Dieu dans nos vies ou nous donner une nouvelle excuse pour Le reléguer à la dernière place de nos préoccupations journalières.

Ce qui est sûr, c’est que ce manque de foi ne date pas d’aujourd’hui, il était déjà présent du temps où nous pourrions croire que la présence de Dieu était bien plus manifeste pour les êtres humains. Moïse, Jean-Baptiste et Jésus lui-même ont vécu sur cette terre, ont témoigné de Dieu, ont annoncé Dieu et ont intercédé pour nous auprès de Dieu. Les signes de la présence de Dieu auprès de son peuple ne manquaient pourtant pas du temps de Moïse et de l’Exode, des signes parfois extraordinaires comme la libération d’Egypte, la traversée de la Mer Rouge, la conclusion de l’Alliance ou la distribution de la manne au désert. Cela n’a pas empêché le peuple, dès le premier moment de doute et de soupçon d’absence divine, de se détourner de Dieu pour se tourner vers le veau d’or. Jean le Baptiste avait une grande aura et mettait tout son cœur à annoncer Jésus, Jésus lui-même venait d’accomplir 2 signes à Cana et de guérir un infirme dans les premiers chapitres de l’évangile selon saint Jean. Cela n’a pas empêché le peuple de ne pas croire en sa parole et en ses actes et de déjà penser à Le tuer car Il osait se permettre de déranger leurs habitudes et leur Sabbat.

Dans la première lecture de ce jour, Dieu va même jusqu’à se lasser des êtres humains devant leur manque de Foi, Il n’en peut plus de notre manque de confiance, de constance, de loyauté et de fidélité. Et c’est pourtant un être humain, certes un Prophète et non des moindres, Moïse, qui prend la défense du peuple et qui rappelle à Dieu ses promesses. Dieu se laisse toucher par la courageuse intervention de Moïse et renonce à son châtiment, nous rappelant qu’Il n’est pas du tout insensible à nous et qu’Il est avant tout un Dieu de tendresse et d’infinie miséricorde. Dans l’évangile de ce jour, Jésus tente de se légitimer auprès de ceux qui le rejettent, en se raccrochant à Jean le Baptiste et même à Moïse. Mais Il n’est pas dupe et sait que ce ne sera pas suffisant pour que le peuple puisse croire en Lui. Il sera tué sur la croix mais nous savons que ce ne sera pas la fin et qu’Il sera ressuscité, comme nous le rappellera si bien la fête de Pâques dans quelques semaines.

Restons fidèles à Dieu ! Ayons Foi en lui dans les bons comme dans les mauvais moments, dans la consolation ou la désolation, dans les sommets et les creux de nos vies. Cette période de pandémie n’est pas facile et nous laisse comme souvent avec beaucoup de questions sans réponses. Mais, même dans cette période difficile, n’occultons pas les signes de Dieu qui se présentent à nous à travers les Écritures et qui se présentent à nous tout au long de notre vie. Il est présent même dans nos ténèbres, ne doutons pas de son Amour et de sa Miséricorde, laissons-Lui au quotidien la première place.

Olivier Dekoster, assistant paroissial de l’UP


 

Mercredi 25 mars : Annonciation

Lisez d’abord les lectures du jour !

Et en cette fête de l’Annonciation, l’abbé Luc Terlinden vous offre même son homélie… en vidéo !


 

Cascades d'Ouzoud, Maroc © B.D. 2009

Mardi 24 mars

Lisez d’abord les lectures du jour

Dans la vision qu’a reçue le prophète Ézékiel, celle d’un Temple, vision qui s’étend sur plusieurs chapitres du livre d’Ézékiel, voici : « sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait… ». Et le prophète poursuit le récit de sa vision, dans des termes permettant de bien voir et s’imaginer les choses : l’homme qui le guide dans sa vision le fait avancer à partir de la source, dans le sens de l’eau… et voici que très vite, au fur et à mesure qu’il avance, l’eau grossit, devenant un fleuve, un torrent infranchissable. Quelle abondance !

Cette image est une annonce. L’annonce des promesses de Dieu. Dieu qui ne retient pas dans son sanctuaire ses dons et ses grâces mais qui les donne en abondance. « As-tu vu, fils d’homme ? », nous dit-il à nous aussi ! Ai-je vu ? Ai-je pris le temps de regarder, de chercher l’abondance déjà présente des dons du Seigneur ? Ses dons si nombreux… Et ai-je déjà cherché à discerner ses grâces ? Grâces de sa présence, de son soutien, de la foi… Grâces qui ne sont pas d’abord pour nous seul, grâces particulières par lesquelles il nous fait participer à son œuvre de création, son œuvre de Vie… son œuvre de résurrection !

Et on sait que l’œuvre de Dieu est Vie, résurrection, car il nous l’a révélé en son Fils, le Christ, source de Vie, source de guérison, comme il a guéri le malade de l’évangile, l’enfant du fonctionnaire royal hier ou l’aveugle de dimanche : actes de guérison profondément porteurs de Vie ! Le Christ, source de Résurrection en apportant la Vie là où le mal, la mort ou la maladie semblaient gagner, en passant lui-même à travers la mort pour renaître à la Vie. Le Christ est notre sanctuaire, celui duquel jaillit cette eau vive, ce fleuve, ce torrent intarissable de Vie ! Il nous montre que son torrent de vie est plus fort que toute mort, que tout mal, même le mal le plus injuste que peuvent être la croix, les catastrophes naturelles, les persécutions, les maladies graves… Cette eau de Vie « se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux » !

Et tout au long de son chemin, partout où parvient ce torrent, à travers les déserts arides où on pensait que rien ne pouvait pousser, « tous les animaux pourront vivre et foisonner car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. [Sur ses bords], toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »
Cette eau vient du Christ, et nous l’avons reçue à notre baptême. Nous pouvons encore nous laisser gagner par elle en vivant notre baptême, en vivant en enfant de Dieu. Voyons ces dons de Dieu, ces grâces qui continuent de nous être données et dont nous pouvons peut-être mieux prendre conscience à travers ce long temps d’épreuve qui n’en est encore qu’à ses débuts. Voyons l’œuvre de Dieu déjà actuelle dans ce monde par Jésus-Christ et par son Corps qu’est l’Église. Voyons combien nous pouvons participer à l’œuvre de Dieu puisque, par notre baptême, nous sommes le Corps du Christ. Voyons combien le Seigneur compte sur nous pour coopérer avec lui, pour être des canaux par lesquels il offre ses grâces et ses dons au monde : il veut que nous soyons près de son torrent pour pousser et porter « chaque mois des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire, [le Christ]. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »

Voyez combien est grande l’œuvre de Dieu !

Ab. Bruno Druenne


 

Lundi 23 mars

Lisez d’abord les lectures du jour !

« L’homme crut à la parole »

Avoir un enfant malade, quelle tristesse, quelle peur ! En ce temps de confinement, la maladie rôde. Nous savons que certains seront malades, parfois durement. Certains en mourront. Nous sommes habités de pensées angoissantes. Et nous voulons protéger nos proches, nos enfants.

« … un fonctionnaire royal dont le fils était malade à Capharnaüm ». En se mettant à la place de ce père, on peut facilement mesurer sa détresse. Une personne haut placée, proche des puissants. Et donc un homme certainement aisé, qui a de quoi subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Peut-être vit-il même dans le luxe : il a plus que ce qu’il faut pour vivre et pour faire vivre ses proches. Tous ces biens, tout son pouvoir, toute son influence sur les autres se retrouvent réduits à rien face à la maladie de son fils. Il ne peut rien y faire. C’est le désespoir.

Et soudain : « Ayant appris que Jésus arrivait » ! L’espoir renaît. Le possible est de nouveau présent. Un homme peut guérir son fils. Si cet homme le veut, son fils vivra.

L’histoire de ce dignitaire royal se mêle, dans ce passage de l’évangile, à la question des signes et de la foi. Voir et croire : c’est ce que font les Galiléens. Ils « lui firent bon accueil car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem ». Et à la demande du dignitaire, Jésus répond d’une façon étrange : « Si vous ne voyez pas de signes (…), vous ne croirez donc pas ! ». C’est étrange comme réplique face à un homme désespéré. Il ne vient pas pour une question théologique, ce père. Il vient pour sauver son fils !

En réalité, ce dialogue trouve tout son sens dans cette question de croire sans voir. Le dignitaire va juste réaffirmer sa foi. Il sait que si Jésus agit, son fils sera sauvé : « Seigneur, descend, avant que mon enfant ne meure ! ». Ce sont des mots de détresse mais aussi de foi. Et c’est à cause de cette foi que la vie renaît : « Va, ton fils est vivant ».

Cette foi du père de l’enfant mourant s’exprime encore plus fort, après la réponse de Jésus : « L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et partit ». Ce père ne sait pas si son fils est guéri. Il n’a comme preuve que la parole du Christ qui lui assure que son fils vivra. Mais cela lui suffit pour croire. Il croit sans signe. Il croit « sur parole ».

C’est une belle expression : « Je te crois sur parole ». Je n’ai pas besoin de preuve, de garantie. Je te fais confiance. Ce que tu dis est vrai. C’est l’attitude de ce dignitaire, qui doit pourtant être accoutumé à douter de ce qu’on lui dit, dans les couloirs des palais où les intrigues et les complots sont monnaie courante. Mais Jésus lui parle et il croit.

La parole du Christ, nous l’avons. Elle nous est donnée dans les évangiles. Elle nous est transmise par les épitres.  Croire en cette parole, c’est notre défi de baptisé.  Croire sur parole ; croire que Dieu nous parle quand nous lisons la bible ; croire que je suis important aux yeux de Dieu et qu’il me parle. À moi !

La parole est importante dans nos vies quotidiennes également. Nous avons besoin d’entendre nos proches. Nous existons quand l’autre nous parle. Ne plus entendre la parole de l’autre, c’est l’isolement. C’est l’absence de vie avant la mort. Combien de personnes aujourd’hui sont sans parole de l’autre suite au confinement. N’oublions pas de téléphoner à ceux que nous connaissons et que nous savons seul chez eux. Notre parole peut (re)donner vie.

André Vanderstraeten, diacre

Trop isolé ? Besoin de parler ? Proposez-vous pour appeler d'autres !

Dimanche 22 mars

L’abbé Luc Terlinden vous a préparé l’homélie de ce dimanche.

Mais lisez d’abord les lectures du 4e dimanche de Carême A !

Célébration de ce dimanche

Dernière mise à jour : 1/4/2020